chronique
du 4 novembre 2003
|
|||||
Cheveux blancs
Le mois de novembre est synonyme de grisaille, de temps maussade, de froide humidité, de déprime. C'est aussi le mois des défunts, de la communion des saints, de l'espérance en la résurrection des morts. Avant que ces réalités ne s'accomplissent un jour pour chacun et chacune de nous, nous prenons de l'âge. La médecine aidant, nous sommes destinés, nous dit-on, à en prendre de plus en plus. Alors, pourquoi ne pas visiter la Bible et voir comment elle peut nourrir notre réflexion sur le sens de la vieillesse et le rôle des personnes âgées. D'entrée de jeu, disons que la Bible nous présente une conception nuancée, comme pour toutes les autres réalités de la vie humaine. Les sages, qui sont les philosophes du monde biblique, sont notre principale source de témoignage. Un premier point de vue considère qu'une longue vie est une bénédiction divine. Atteindre l'âge de 80 ans est un exploit, affirme le psalmiste (Ps 90). Le bonheur est à son comble lorsque la vie a été accomplie dans la foi et l'amour de Dieu, dans la fidélité aux préceptes de l'alliance : C'est une couronne d'honneur que les cheveux blancs, sur les chemins de la justice on la trouve (Proverbes 16, 31). Par contre, la vieillesse peut être difficile à supporter pour la personne qui est atteinte par les faiblesses de l'âge ou les souffrances de la maladie. Le sage Sirac dira que la mort est la bienvenue pour l'homme misérable et privé de ses forces, pour le vieillard usé, agité de soucis, révolté et à bout de patience (Sirac 41, 2). La vieillesse est un chemin ambivalent : certains l'envisagent comme un déclin vers la mort, alors que d'autres la considèrent comme un progrès vers le bonheur éternel. Selon un autre point de vue, il n'y a pas d'âge pour vivre sa foi et même collaborer à la réalisation des projets de Dieu pour son peuple. L'ardeur et l'expérience d'Abraham et de Moïse n'ont rien à envier à la jeunesse du prophète Samuel ou à la fougue de David. On découvre que Dieu cherche toujours des gens qui sont jeunes de cur et disponibles à tenter l'aventure de la foi. Que l'on pense au vieillard Syméon qui, poussé par l'Esprit, embrasse avec affection l'enfant Jésus, découvrant en lui la réalisation de son espérance. Ou à la prophétesse Anne qui proclame à qui veut l'entendre sa joie d'accueillir le Messie. Chez les peuples antiques, l'âge et l'expérience de la vie confèrent aux gens âgés sagesse et autorité, de telle sorte que ce sont souvent eux qui sont à la tête des communautés : Tu te lèveras devant les cheveux blancs, tu honoreras la personne du vieillard et tu craindras ton Dieu, lit-on dans le Lévitique (19, 32). En raison de sa sagesse et comme témoin de la tradition, la personne âgée peut parler avec autorité. Toutefois, la sagesse n'est pas l'apanage des seules personnes âgées. L'intelligence, la capacité de discernement et la droiture sont comparables aux cheveux blancs, même chez les plus jeunes, nous dit l'auteur du livre de la Sagesse (4, 7-10). En somme, la sagesse ne vient pas automatiquement avec l'âge avancé. Elle doit être recherchée et cultivée tout au long de la vie, jusqu'à ce qu'elle atteigne sa maturité dans la plénitude de l'âge. Autrement dit, si nous voulons être de « bons et beaux vieux », il faut commencer jeune notre entraînement. Yves Guillemette, ptre
Chronique
précédente :
|
|||||
|
|||||