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Coups de coeurs
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chronique du 12 mars 2002
 

J'ai vu la nouvelle Jérusalem

 

Le 27 février dernier, le temps de quelques minutes, j'ai cru voir la nouvelle Jérusalem. Les mots de Jean de Patmos me sont revenus à l'esprit : « Je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle. Et je vis la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu; elle s'est faite belle, comme une jeune mariée pour son époux. J'entendis alors une voix clamer, du trône: "Voici la demeure de Dieu avec les hommes".» (Apocalypse 21, 1-3)

     Mais qu'on se rassure, je n'ai connu ni extase ni transport au septième ciel. Nul phénomène surnaturel n'était en cause. Non. C'était simplement à travers les mots du coeur de frères et de soeurs dans la foi.

     C'était à Sherbrooke, au sous-sol de la cathédrale Saint-Michel. On m'avait invité comme conférencier pour une journée diocésaine de formation sur le thème « Communiquer avec le monde d'aujourd'hui: tout un défi à relever en Église ». Une centaine de personnes y étaient, toutes impliquées d'une façon ou d'une autre en pastorale.

     J'avais intitulé l'exposé de l'après-midi : « Église, que dis-tu de toi-même... dans cette culture des communications ? ». Je voulais faire porter la réflexion sur la différence entre, d'une part, la conception de l'Église que nous portons en nous-mêmes et, d'autre part, l'image que nous en transmettons par nos façons de faire, image que nous reflètent souvent les médias. Au tout début de la journée, j'avais donc posé une question aux participants, leur demandant d'y répondre en quelques mots par écrit : « Au fond de votre coeur, quelle est votre définition de l'Église? Qu'est-ce que l'Église pour vous? »

     Et ce fut très beau. Une vraie vision de la Jérusalem céleste.

     Le portrait de l'Église qui se dessinait sous mes yeux était fait de foi partagée, d'amour de Dieu, de prière commune, de communauté fraternelle rassemblée autour du Christ, de témoignage, de service des autres et d'engagement. Pourtant, ce n'était pas une assemblée de personnes naïves, sans expérience concrète de la vie de l'Église. Au contraire. Je suis certain que tous et chacun avaient un lot d'histoires de difficultés, de contrariétés, de déceptions et qu'ils auraient pu faire un bilan autrement plus sombre de leur connaissance de l'Église.

     « Vous rendez-vous compte de ce que nous venons d'entendre, de vivre ? » ai-je demandé quand fut venu le temps de la synthèse finale. C'était comme un cadeau. Une grâce.

     J'ai compris comment les auteurs du Nouveau Testament - les Paul, Luc, Jean de Patmos et autres - ont pu décrire l'Église en termes idéaux tout en vivant les tiraillements, les tensions et les ruptures de la jeune communauté. Ce n'étaient ni des rêveurs ni des menteurs. Mais comme mes frères et soeurs de Sherbrooke, ils ont su voir ce qui était en train de naître sous leurs yeux. C'était déjà, malgré les « douleurs de l'enfantement », la Jérusalem céleste où, dans les mots de l'Apocalypse, « Dieu aura sa demeure avec eux; ils seront son peuple et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu ».

Cette image de l'Église habite notre coeur. Elle nous fait rêver et elle nous donne du courage quand tout n'est pas à la hauteur du rêve. N'est-ce pas la vision que nous devrions communiquer autour de nous?

Bertrand Ouellet
[email protected]

 

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