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Coups de coeurs
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Chronique du 20 novembre 2001
 

« C'est l'amour que je veux... »

Pauvre homme.

     Son épouse l'a abandonné. Pour se livrer à la prostitution.

     Dans sa peine, par-delà les tentations de rancune, de colère et de vengeance, il a pourtant réussi à discerner la présence de Dieu. Et son amour trahi est devenu icône de l'amour de Dieu. Cela nous a valu quelques-unes des plus belles pages de la Bible.

Le prophète de l'amour de Dieu

     Son nom était Hoshéa ben Beéri. En français, nous l'appelons simplement «Osée». Avec Amos, Michée et Isaïe, c'est l'un des quatre grands prophètes du huitième siècle avant Jésus Christ.

     Tout ce que nous savons de lui provient du petit recueil conservé sous son nom dans nos Bibles. C'est une collection d'oracles, joints les uns aux autres sans indication de contexte. Le prophète s'y fait surtout l'interprète de Dieu abandonné et trahi par son peuple.

     Comme l'écrivait le Père de Vaux dans la Bible de Jérusalem, « c'est avec une audace qui étonne et une passion qui bouleverse [que] l'âme tendre et violente d'Osée » a, pour la première fois, exprimé les rapports de Dieu et de son peuple dans les termes d'un mariage. L'image sera reprise par d'autres &emdash; Jérémie, Ézéchiel et le Second Isaïe, notamment. Le Nouveau Testament l'appliquera à la relation entre le Seigneur Jésus et son Église et à partir de là, plusieurs mystiques en feront le modèle de l'expérience spirituelle.

     Mais ce qui est propre à Osée, c'est que son expérience conjugale aboutit à un drame douloureux. Gomer, son épouse adultère, l'a profondément blessé. Mais il l'aime toujours. Cet amour se révèle si fort qu'Osée arrive à dépasser sa douleur, à pardonner à Gomer et à la reprendre avec lui. Cette expérience est décisive pour le prophète: si lui, simple humain, peut aimer assez pour pardonner ainsi, Dieu ne doit-il pas être capable de beaucoup plus, d'infiniment plus ? Osée nous guide ainsi à la découverte de la profondeur de l'amour de Dieu.

« Je suis Dieu et non pas homme »

     Deux passages sont d'une beauté insurpassable. Je commence par le deuxième. C'est au chapitre 11, versets 1 à 9.

     Dieu y apparaît comme un parent rejeté par son enfant. Il se rappelle avec tendresse les débuts de son histoire d'amour avec son peuple, quand il l'a libéré de l'esclavage en Égypte. « J'étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue, je m'inclinais vers lui et le faisais manger ». La trahison de ses enfants « cramponnés à leur infidélité » devrait le remplir de colère. Ne devrait-il pas, se dit Dieu, les traiter comme jadis les villes d'Adma et de Tséboyim, voisines de Sodome et Gomorrhe? Ne devrait-il pas laisser libre cours à la juste punition? Mais non. Mais non, se dit Dieu dans les mots d'Osée, « mon coeur en moi est bouleversé » à l'idée que je pourrais faire du mal à mes enfants, « toutes mes entrailles en frémissent. Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère... car je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi je suis le Saint, et je ne viendrai pas avec fureur. »

     C'est le même Dieu débordant d'amour que l'on entend, au chapitre 2, pardonner à son épouse adultère, qui représente encore là le peuple infidèle. Après l'évocation de tous les châtiments qui seraient de mise selon une logique humaine, on assiste à un revirement proprement divin. « Je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son coeur. [...] Je te fiancerai à moi pour toujours; je te fiancerai dans la justice et le droit, dans la tendresse et la miséricorde; je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur. » C'est Dieu qui prend l'initiative. Il n'attend ni aveu ni regret. Son pardon est premier. Et les mots sont très forts: séduction, fiançailles... C'est un nouveau commencement. La gratuité de la grâce.

     Pas étonnant que ce soit à Osée qu'on doive cette magnifique parole de Dieu citée par Jésus : « C'est l'amour que je veux, et non les sacrifices. » (cf. Osée 6, 6 et Matthieu 9, 13).

Bertrand Ouellet
[email protected]

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