Chronique
du 29 mai 2001
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Incursion dans l'Évangile d'Athènes
Mois de juin et fatigue vont de pair. Si l'été et les vacances peuvent arriver! C'est un peu essoufflé et l'esprit ailleurs que je vous livre ce dernier coup de cur de la saison. Tant qu'à rêver au beau temps et aux vacances, je me suis dit que nous pourrions faire une excursion à Athènes où, grâce à saint Paul, l'Évangile y a fait une première incursion mémorable, aussi célèbre que le Parthénon. On parle beaucoup de nouvelle évangélisation et d'inculturation de l'Évangile dans le monde moderne. C'est là un défi majeur que nous devons relever en Église, sinon nous courons le risque que beaucoup de gens considèrent le christianisme révolu, comme un objet d'antiquité au musée de l'histoire. La situation actuelle n'est pas sans évoquer le premier choc culturel qu'a connu l'Évangile, lorsqu'il est passé de son terreau traditionnel juif pour prendre racine dans le monde occidental. Le livre des Actes des Apôtres raconte l'épopée missionnaire en terre païenne, qui est l'uvre de Paul et de ses collaborateurs. Après les succès du début, les difficultés ne tardèrent pas à se présenter, comme en fait foi la présentation de l'Évangile aux membres de l'Aréopage d'Athènes (Actes 17, 16-34). Ce club sélect de philosophes et de notables de la grande ville grecque s'est montré très réservé à l'égard de la nouvelle religion chrétienne qui faisait son apparition dans le ciel déjà très religieux d'Athènes. Le pluralisme religieux existait déjà à cette époque. On ne manquait pas de chemins pour trouver son salut. Il y avait les religions à mystère qui, par diverses initiations, faisaient entrer leurs adeptes en contact avec la divinité et les conduisaient à un état de bonheur, gage du salut tant espéré. On ne peut oublier les cultes officiels des grandes villes grecques. Chacune rendait hommage au dieu ou à la déesse tutélaire comme Athéna à Athènes, Artémis à Éphèse, Esculape à Épidaure. Il y avait aussi le culte rendu au roi dont la vaillance était revêtue d'un caractère divin. Un des cultes les plus populaires était celui d'Esculape. Les malades accouraient à Épidaure avec l'espoir d'obtenir une guérison. Si le miracle se produisait, le malade pouvait se considérer sauvé et ne manquait pas d'annoncer la bonne nouvelle à qui voulait l'entendre. Quant aux gens plus instruits qui doutaient de l'existence des dieux et déesses traditionnels et ne pratiquaient pas les cultes populaires, ils pouvaient adhérer aux nombreuses écoles de pensée philosophiques comme à autant de guides dans leur quête de sens. Le stoïcisme était l'un des plus populaires. En bref, le stoïcisme enseignait la maîtrise des sens et des besoins du corps pour laisser l'esprit s'élever vers l'absolu. Annoncer la résurrection des corps, c'était jeter une douche froide à ces gens qui mettaient toutes leurs forces à se libérer des contraintes du corps. Les religions et les cultes ne manquaient donc pas en Grèce et à Athènes en particulier, si bien qu'on ne savait plus à quels dieux et déesses se vouer. Et de peur d'en oublier, on avait même érigé un petit autel au dieu inconnu. Alors, pas de chicane dans le monde de la divinité. Mais ce dieu inconnu, Paul allait tenter de le sortir de son anonymat. Le Dieu de Jésus Christ, qui avait conclu une première alliance avec les Israélites, était inconnu pour les braves gens de l'Aréopage. Paul ne pouvait leur dire que Jésus accomplissait la promesse faite autrefois à leurs pères. Par contre, il a su trouver les points communs entre la pensée des philosophes et des poètes grecs et la révélation divine: l'origine de l'homme, la providence divine, l'ordre du monde, la vanité des idoles, la soif de vérité de l'être humain, la parenté entre Dieu et l'homme. Le Dieu de Jésus Christ que Paul révèle aux membres de l'Aréopage est déjà présent dans leur recherche d'absolu, même si cette recherche se fait à tâtons. Si Paul a cassé sa pipe à Athènes, c'est à cause de la difficulté éprouvées par ses auditeurs à accepter la résurrection des morts en tant qu'acte ultime de la foi et de l'espérance. Il ne faut pas trop leur en vouloir à ces Athéniens. Qui sait si nous aurions fait mieux? Nous croyons à la résurrection du Christ et à la nôtre. Alors, faisons un petit test: que dirions-nous à quelqu'un qui nous demanderait de lui rendre compte de cette foi et de cette espérance? Je vous laisse l'été pour y penser et... bonnes vacances!
Yves Guillemette, ptre Chronique
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