chronique
du 6 juin 2000
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À l'école de la Bible
La Bible nous a conservé le souvenir de personnes qui, dès leur jeune âge, ont été mis en contact avec la Parole de Dieu. Pensons notamment à Samuel, David, Jérémie en ce qui concerne le peuple de la première Alliance, ou à Timothée au temps des premières générations chrétiennes. Étant donné le contexte culturel du Proche-Orient, on ne doit pas se surprendre que les figures qui ont retenu l'attention soient masculines. Mais ce même contexte culturel nous apprend aussi que l'instruction religieuse relevait des mères de famille. Dans la tradition juive, on attachait une grande importance à l'éducation. Celle-ci se faisait par tradition orale et la plupart du temps au sein de la famille. Qu'on se rappelle les questions que le plus jeune de la maisonnée devait poser lors du repas pascal. Ces questions donnaient lieu à des explications sur le sens de la libération de la servitude en Égypte que l'on commémorait lors de ce repas. Une école qui a rouvert ses portes Faisons maintenant un bond dans l'espace et le temps pour en arriver dans notre monde. Après une certaine époque pas si lointaine où la lecture de la Bible était sous étroite surveillance, nous avons redécouvert la place que doit occuper la Parole de Dieu dans l'éducation de la foi. Avant même que le Concile Vatican II n'ouvre les portes à l'étude la Bible, le Canada a vu naître en 1940 la Société catholique de la Bible (SOCABI) et en 1950 le Centre de la Bible, devenu par la suite le Centre biblique de Montréal. J'ai eu la chance de vivre dans une famille où la lecture de la Bible était pratique courante. Je me rappelle encore le temps où, chaque dimanche, je ramenais à la maison un exemplaire du Feuillet biblique. J'étais loin de penser que ce contact précoce avec l'explication de la Parole de Dieu allait me conduire à des études spécialisées dans le domaine et devenir un jour directeur du Centre biblique et du Feuillet biblique. Il faut croire que le Seigneur a des projets surprenants. Un contact familier avec la Parole de Dieu revêt une importance capitale dans l'éveil et l'éducation de la foi. Il ne peut y avoir de foi sans proclamation de la Parole, comme l'affirme saint Paul aux Thessaloniciens: «Quand vous avez reçu la Parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l'avez accueillie, non comme une parole d'homme, mais comme ce qu'elle est réellement, la parole de Dieu, qui est aussi à l'uvre en vous, les croyants » (1 Thessaloniciens 2, 13). Il ne peut y avoir non plus de maturation dans la foi sans une fréquentation de cette Parole par laquelle Dieu engage la conversation avec nous, comme on le fait entre amis. Un bon maître Ouvrir la Bible, c'est entrer en dialogue avec des générations de croyants et de croyantes attentifs à lire l'agir de Dieu au cur de leur quotidien et des événements de l'histoire de leur peuple. Ces hommes et ces femmes ont découvert aussi, dans la présence de Dieu devenue de plus en plus familière, une réponse à la recherche du sens de leur existence. Et ils ont transmis leur expérience du Dieu vivant aux générations subséquentes pour qu'elles appuient leur vie de foi sur des bases solides. Jésus lui-même, formé à l'école des Écritures, nous apprend à y découvrir les racines de notre appartenance au Peuple de Dieu. Dans l'Évangile, Jésus souligne à maintes reprises la place centrale accordée à l'accueil et à l'actualisation de la Parole de Dieu dans la vie de ses disciples. Ne sont-ils pas comparés à une maison dont les fondations sont ancrées dans le roc de sa personne et de sa parole? La rencontre avec la Samaritaine ou celle avec les disciples d'Emmaüs n'apparaissent-elles pas comme une approche andragogique où, à partir de leur situation, il les conduit dans le lent cheminement de la maturation de la Parole dans leur cur? Nous mettre à l'école de celui qui a les paroles de la Vie, c'est acquérir une sagesse, un savoir-faire dans l'art d'accorder notre vie au projet que Dieu caresse pour nous.
Yves Guillemette, ptre Chronique
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