Ange. Giotto di Bondone, c. 1305-1313. Fragment de mosaïque provenant probablement de La Navicella (Wikipedia).
Symbolisme d’une figure géométrique : le cercle
Sylvain Campeau | 20 juin 2022
Puisque le cercle est une figure géométrique sans commencement ni fin, c’est un symbole universel utilisé depuis longtemps. Il représente l’unité, l’éternité, la perfection et le monde céleste. Dans la tradition chrétienne, il n’est donc pas étonnant que trois cercles soudés évoquent la Sainte Trinité.
Dans la Bible, le cercle est rarement évoqué mais on le retrouve quand on tente de décrire le monde tel qu’on l’imaginait à l’époque : la terre est un disque plat reposant sur des colonnes pour éviter de sombrer dans les eaux (voir Job 26,10) et elle est surmontée d’une sphère rigide, le firmament où sont accrochés les luminaires comme le soleil et les étoiles ; il marque la limite entre le ciel et la terre. Au-delà de cette limite, c’est le domaine du divin : « C’est lui qui est assis au-dessus du cercle à la surface de l’abîme. » (Isaïe 40,22)
Un symbole de protection
Quand il est compris comme une forme enveloppante, le cercle est un symbole de protection. C’est d’ailleurs ce type de formation qui est parfois utilisé pour protéger un personnage important : « Les coureurs, les armes à la main, se placèrent depuis le côté droit de la Maison jusqu’à son côté gauche, près de l’autel et de la Maison, de manière à entourer le roi. » (2 Rois 11,11 ; voir aussi Judith 10,18)
Sainteté et union sacrée
Dans l’iconographie chrétienne, le cercle indique la sainteté d’une personne ou d’un personnage appartenant au monde céleste : une auréole (anneau ou disque) entoure la tête du personnage. Pour les personnes que l’Église présente comme des modèles à suivre, l’auréole indique leur proximité avec la sphère divine. Comme le cercle est aussi un symbole solaire, le nimbe est souvent de couleur dorée.
La figure est également utilisée sous la forme d’un anneau pour symboliser une union sacrée comme le mariage par exemple. On peut y voir un symbole de protection mais surtout une manière d’exprimer l’importance que l’on accorde à un tel engagement et son caractère sacré.
Le mausolée d’Hadrien à Rome (Wikipedia).
Le cercle et l’architecture
C’est à partir de l’époque byzantine que le cercle est devenu une forme importante en architecture chrétienne. Mais l’idée vient probablement de l’époque romaine où les mausolées impériaux sont souvent des rotondes, c’est-à-dire des édifices de forme circulaire comme celui d’Hadrien à Rome (aujourd’hui le château Saint-Ange).
Comme l’explique Gérard-Henry Baudry : « La rotonde du Saint-Sépulcre à Jérusalem, construite sous Constantin, s’inspire de l’architecture des mausolées impériaux. » [1] Comme les autres monuments funéraires de forme circulaire, ces constructions évoquent le monde céleste et convient parfaitement à Jésus qui est maintenant assis « à la droite du Père » selon la tradition.
Dans les édifices plus récents, on a plutôt tendance à combiner les formes carrées et circulaires. Sur le plan symbolique, il faut se rappeler que le cercle évoque le monde céleste alors que le carré fait référence au monde terrestre. L’édifice religieux qui intègre ces formes tente donc d’unir le ciel et la terre.
Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Sylvain Campeau est responsable de la rédaction.
[1] Gérard-Henry Baudry, Les symboles du christianisme ancien. Ier-VIIe siècle. Cerf, 2009, p. 73.