Tentation d'Adam et Ève. Le Titien ou Tiziano Vecellio, circa 155. Musée du Prado, Madrid (Wikimedia)
L’arbre de la connaissance
Sébastien Doane | 20 janvier 2017
L’arbre de la connaissance est un élément symbolique très important du récit du jardin de la Genèse (2,9.17). C’est le seul arbre dont les humains ne peuvent manger le fruit. Par deux fois, il est qualifié par les adjectifs bon et mauvais. En quoi est-ce que cette connaissance peut-elle être bonne ou mauvaise? Voici quatre hypothèses qui montrent comment les lecteurs du livre de la Genèse comprennent habituellement ce symbole.
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La connaissance sexuelle. Manger du fruit de cet arbre symboliserait le désir sexuel. Le commentateur juif Ibn Ezra représente cette option. Ses arguments sont qu’Adam couvre sa nudité après avoir mangé du fruit de cet arbre et qu’il « connaisse » sa femme Ève avant de concevoir Caïn (Gn 4,1). Aussi, la connaissance du bien et du mal est associée dans la Bible à la puberté (Dt 1,39; Is 7,15-16). La théologie du péché originelle a popularisé cette interprétation.
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L’omniscience. Consommer le fruit de cet arbre donne toutes connaissances. Certains récits bibliques utilisent ensemble l’expression le bien et le mal pour désigner la totalité de quelque chose. Par exemple, en Gn 24,50, Laban dit : « Nous ne pouvons pas vous dire rien de mal ou de bien. » C’est-à-dire nous ne pouvons rien dire du tout.
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Le discernement moral. Manger du fruit de l’arbre de la connaissance permet aux humains d’évaluer ce qui est bien de ce qui est mal. Salomon, roi associé à la sagesse, demande au Seigneur de pouvoir discerner entre le bien et le mal (1 R 3,5-9).
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La sagesse divine. Dans cette optique, la vraie sagesse provient de Dieu et implique le respect de ses commandements, et non d’une connaissance personnelle.
Cet arbre a donc été vu comme un symbole de sexualité, d’omniscience, de discernement et de sagesse divine. Puisque la Bible ne parle de l’arbre de la connaissance que dans deux versets, il n’y a pas assez d’information pour préciser de quoi il s’agit. Le mieux est sans doute de voir cet arbre comme un symbole pouvant être interprété de plusieurs façons.
Au moment d’écire ce texte, Sébastien Doane était étudiant au doctorat en études bibliques (Université Laval) et responsable de la rédaction du site interBible. Il est maintenant professeur à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval.