(Artur Aldyrkhanov / Unsplash)

Enfant

Sylvain CampeauSylvain Campeau | 18 novembre 2019

Hébreu : na‘ar (garcon ou serviteur) / na‘arah (fille ou servante) et yeled (enfant ou garçon) et yaldah (fille)
Grec : brephos (fœtus), nèpios (tout-petit), païs (petit et son diminutif païdion), teknon (fils ou fille) et hyios (fils)

Dans l’ancien Israël, le plus beau souhait qui était fait aux jeunes mariés était d’avoir de nombreux enfants. C’est le souhait qu’on fait à Rébecca quand elle quitte sa famille : « Toi, notre sœur, devient des milliers de myriades... » (Gn 24,60 ; voir aussi Rt 4,11-12) Abraham et Isaac reçoivent la promesse que leur descendance sera aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel (Gn 15,5 ; 22,17 ; 26,4). En d’autres termes, on estime les enfants qui sont « la couronne des grands-parents » (Pr 17,6). Mais la Bible accorde sa préférence aux fils qui sont comme des « plants d’olivier autour de la table » (Ps 128,3).

Cette préférence ne doit pas nous étonner : dans une société patriarcale, ce sont les garçons qui assurent la descendance de la famille. Les filles échappent à la famille par leur mariage. Mais avant d’en arriver là, les enfants sont élevés par la mère et développent un lien privilégié avec elle. C’est habituellement elle qui choisit le nom de ses enfants (Gn 29,32 ; 30,24 ; etc.) dès leur naissance [1]. On comprend alors aisément que la Bible utilise l’image de la mère qui donne la vie et qui allaite avec tendresse quand elle parle de la miséricorde de Dieu.

Dans la société israélite, l’enfant est celui qui doit être éduqué (voir les Proverbes) : il dépend totalement des adultes, ceux qui détiennent le savoir et l’expérience, pour son éducation et sa survie. On devine que le pire drame pour un enfant, à cette époque, est de devenir orphelin. D’où le plaidoyer des prophètes en leur faveur (par exemple, Is 1,17.23).

Dans le Nouveau Testament, Jésus a une grande admiration pour les enfants en qui il voit le type du vrai disciple (Mt 19,14), probablement parce qu’ils sont dépendants et reçoivent tout comme un don plutôt que comme un dû : « En vérité je vous le dis, celui qui n’accueillera pas comme un enfant le Royaume de Dieu n’y entrera sûrement pas. » (Mc 10,15) Il loue également le Père pour la clairvoyance de ceux et celles qui accueillent son message : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25).

Aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, le terme « enfant » est souvent utilisé pour souligner un lien privilégié avec Dieu ou l’appartenance au peuple élu. On parle alors des enfants d’Israël (plusieurs occurrences dans la Torah) ou des enfants de Dieu (Jn 1,12-13 ; 11,52 ; Ac 17,29 ; Rm 8,15-16.21.23 ; etc.).

Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.

[1] C’est probablement à une époque récente (celle dite du Second Temple) qu’on a commencé à faire coïncider l’attribution du nom du fils en même temps que la circoncision, huit jours après la naissance (voir Lc 1,59).

Les mots pour le dire

Les mots pour le dire

Quand nous lisons la Bible, plusieurs mots importants sont chargés de sens et il est nécessaire de s'y arrêter pour en comprendre toute la richesse. C'est ce que nous proposons dans cette rubrique.