Jésus guérissant une femme hémoroïsse. Fresque des catacombes de Marcellinus et Pierre (Wikipedia).

Manteau

Sylvain CampeauSylvain Campeau | 20 mai 2019

Hébreu : simlah, salmah, me’il
Grec : himation

Dans les textes bibliques, il est souvent difficile de saisir la différence entre la tunique, la robe et le manteau. Mais le manteau était probablement le vêtement le plus lourd qui recouvrait l’essentiel du corps.

L’Ancien Testament

Recouvrant aussi bien les hommes que les femmes, le manteau était souvent utilisé en voyage (Ex 12,34; Dt 8,4; 29,4; Jr 9,5.13; Ne 9,21). En cas de dette, il était possible de prendre en gage le manteau d’un pauvre; mais il fallait le lui rendre avant la tombée de la nuit (Ex 22,25s; voir Dt 24,12s). Le manteau était donc considéré comme un bien « essentiel » et même comme un objet de grande valeur qu’on pouvait offrir en cadeau (voir Gn 45,22; Ex 3,22; 12,35; Jos 22,8; 1 R 10,25). Le psalmiste utilise d’ailleurs cette image pour parler de Yahvé qui s’enveloppe de lumière comme d’un manteau (104,2).

On déchirait ou on enlevait son manteau en signe de colère, de tristesse ou de deuil (Gn 37,34; 44,13; Jos 7,6; Jon 3,6; Jb 1,20; 2,12; Esd 9,3.5). Sa déchirure est devenue un signe prophétique (1 S 15,27; 1 R 11,29s). La remise du manteau d’Élie à Élisée (1 R 19,19; 2 R 2,13s) est une manière d’exprimer la transmission de la fonction prophétique. Mais dans la scène où Jonathan remet son manteau à David (1 S 18,4), le geste peut être compris comme un profond attachement.

Le Nouveau Testament

La manière dont Jean le Baptiste était vêtu (Mc 1,6; Mt 3,4; voir aussi 11,8s) rappelle le manteau de poil du prophète Élie (1 R 19,13; 2 R 2,8). Cette particularité vestimentaire était sans doute un indicateur de la fonction prophétique (Za 13,4).

Comme beaucoup d’Israélites de son époque, Jésus portait un manteau; c’est ce vêtement qu’il enlève (Jn 13,4) dans le récit du lavement des pieds. Son manteau avait des franges comme le prescrivait la Loi (voir Nb 15,38s; Dt 22,12) et il avait la réputation de guérir (Mc 5,27s; 6,56). Mais, comme le souligne l’évangéliste Marc au sujet de Jésus, toucher le guérisseur ne relève pas de la magie mais de la foi (Mc 5,34).

« Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, dent pour dent. […] Si quelqu’un veut te faire un procès pour prendre ta tunique, laisse-lui aussi ton manteau. » (Mt 5,38.40)

Pour illustrer son désaccord avec la loi du talion qui légitimait la vengeance, Jésus demande à ses disciples de briser le cycle de la violence. Et, comme il le fait souvent, il l’exprime de manière très concrète et il donnera l’exemple lors de sa passion. Il sera alors dépouillé de ses vêtements et recouvert d’un manteau rouge pourpre (Jn 19,2-5) en signe de dérision. L’image sera toutefois reprise dans l’Apocalypse pour symboliser la victoire du Messie (19,13.16).

Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.

Les mots pour le dire

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Quand nous lisons la Bible, plusieurs mots importants sont chargés de sens et il est nécessaire de s'y arrêter pour en comprendre toute la richesse. C'est ce que nous proposons dans cette rubrique.