Mariage biblique. Ciero Ferri, c. 1670-80. Huile sur toile, 72 x 61 cm. Musées du Capitole, Rome (Wikimedia).
Mariages bibliques : arrangés et non-religieux
Sébastien Doane | 23 décembre 2019
Lorsqu’on lit la Bible, il est difficile de ne pas projeter nos propres compréhensions de phénomènes sociaux sur les textes bibliques. Les mariages bibliques, par exemple, sont très différents des mariages d’aujourd’hui. La conception de l’union maritale dans les textes bibliques peut nous paraître très inusitée, voire scandaleuse.
Il n’y a rien d’étonnant au fait que l’institution du mariage est le lieu privilégié de la sexualité. Cependant, le mariage est une pratique sociale qui, comme les autres, évolue avec le temps. Curieusement, peu de textes bibliques mentionnent des détails relatifs aux rituels du mariage. Certes, la Bible contient le récit des noces de Cana (Jn 2), un autre concernant la nuit de noces (Tb 8), ou encore des histoires de négociations avant le mariage (Jacob et Léa/Rachel : Gn 29). On cherchera en vain un livre de prières ou la description d’un mariage religieux, comme ceux qui sont célébrés par l’Église aujourd’hui. Les mariages étaient organisés par les familles elles-mêmes sans avoir à référer aux autorités (religieuses ou civils).
La presque totalité des textes bibliques démontre que les hommes juifs devaient se marier. Loin du mariage amoureux du 21e siècle, le mariage biblique était d’abord une alliance entre familles ou entre clans. Ces mariages arrangés étaient négociés sans que soit nécessairement obtenu le consentement des deux époux. Les règles entourant le mariage servaient à assurer la stabilité sociale et économique, à protéger les membres de la famille et à régir la naissance légitime d’enfants. Le contrôle et la protection des femmes avant et pendant le mariage visaient à maintenir cet ordre.
En Israël, les relations sexuelles pour les femmes étaient normalement limitées à leurs maris. Par contre, les hommes pouvaient avoir des contacts charnels avec leurs épouses, mais aussi avec leurs esclaves. Par exemple, Jacob a des enfants avec ses femmes Rachel et Léa, ainsi qu’avec leurs esclaves Zilpa et Bilha (Gn 29-30).
Il y a aussi d’autres réalités importantes des mariages bibliques tels que la polygamie, la loi du lévirat, l’endogamie et la lapidation qui pourront faire l’objet de futurs articles. La Bible ne finira jamais de nous surprendre.
Sébastien Doane est professeur d’exégèse biblique à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval (Québec).
Extrait de Sortir la Bible du placard : la sexualité de Genèse à l’Apocalypse, Sébastien Doane, Montréal, Fides, 2019.