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chronique du 11 avril 2014
 

La crucifixion, scène d’abandon et de révélation

La crucifixion

La crucifixion
Philippe de Champaigne (1602-1674)
Peinture sur toile, 1644-46
(Wikimedia)

L’Évangile de Marc présente un Jésus qui meurt dans l’abandon le plus complet (Mc 15, 25-39). Ce récit est très différent des autres évangiles où Jésus semble en contrôle de la situation en pardonnant le péché de ceux qui le crucifient ou en dialoguant avec les autres crucifiés. En Marc, Jésus reste muet après sa condamnation par Pilate. Ses disciples l’ont tous abandonné. Sur la croix, les seules paroles attribuées à Jésus sont transmises en araméen, sa langue maternelle : « Eloï, Eloï, lama sabaqthani ? Ce qui signifie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (15,35) On est loin de la crucifixion comme un accomplissement ou comme une élévation vers le ciel.

     Jésus exprime l’abandon et l’incompréhension qu’il ressent envers Dieu. Il le fait en citant le début du Psaume 22. Ce psaume commence par un cri de désespoir devant l’angoisse de la mort, mais il se termine par la découverte de la présence surprenante de Dieu au côté de celui qui crie. Il passe donc de l’abandon à la présence de Dieu.

La réaction de Dieu

     Est-ce que Jésus a réellement été abandonné par Dieu? Le témoignage des évangiles ne se termine pas avec la crucifixion. Dieu ne laisse pas Jésus dans l’abandon. Pourtant, une certaine image « interventionniste » de Dieu meurt en même temps que Jésus sur la croix. Dieu n’est pas intervenu pour le sauver de la mort.

     La réaction de Dieu devant l’exécution de Jésus se voit dans les événements qui suivent. Le voile du Temple se déchire. Selon la croyance de l’époque, c’était le lieu de résidence de Dieu sur terre. Il y a un lien entre cet événement et les rituels de deuil où l’on déchirait ses vêtements. En quelque sorte, nous avons l’image d’un Dieu qui entre en deuil en déchirant le voile du Saint des Saints.

Un témoin déconcertant

     Le récit de la passion en Marc se termine avec une phrase inattendue. Un centurion romain proclame que Jésus était le Fils de Dieu. Pourtant, il s’agit d’un païen représentant les forces mêmes qui ont crucifié Jésus. Plus tôt dans l’évangile, ce titre de Fils de Dieu a déjà été proclamé par un démon. Maintenant, c’est au tour d’un païen de révéler l’identité de Jésus. Du point de vue de ce centurion, la crucifixion de Jésus n’était pas le lieu d’abandon de Dieu, mais plutôt le lieu de la révélation de sa filiation divine.

Sébastien Doane

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Rire de la calvitie d’un prophète