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Touche pas à mon arche de l’alliance
2 Samuel 6, 3-10 et 1 Chroniques 13, 7-13
Dans la Bible, l’arche de l’alliance est le coffre qui contient les tables de la loi ou les dix commandements donnés à Moïse, sur le mont Sinaï. Ce coffre est confectionné en bois et recouvert d’or. Le couvercle est orné de deux anges protecteurs appelés chérubim. L’arche est considérée comme le trône et la résidence de YHWH [1] sur la terre, jusqu’à la construction du premier Temple par Salomon (Exode 25,22).
De la sortie d’Égypte jusqu’à l’entrée des Israélites dans le pays de Canaan, l’arche est portée par les hommes de la tribu de Lévi, les Lévites, qui deviendront prêtres au Temple lorsqu’il sera bâti. Elle est amenée sur le terrain lorsque le peuple ressent particulièrement le besoin de s’assurer de la présence du Seigneur : pour la traversée du Jourdain sous la direction de Josué, par exemple, ou la conquête de Jéricho. Après l’installation en Terre promise, l’arche sera transportée à divers endroits, selon les directives des chefs du peuple.
Devenu roi, David décide de transférer l’arche à Jérusalem, la capitale de son royaume. Lors de ce transfert, un accident se produit :
On chargea l’arche de Dieu sur un chariot neuf et on l’emporta de la maison d’Avinadav, située sur la colline. Ouzza et Ahyo, les fils d’Avinadav, conduisaient le chariot neuf. On l’emmena de la maison d’Avinadav, qui est sur la colline, avec l’arche de Dieu, et Ahyo marchait devant l’arche.
David et toute la maison d’Israël s’ébattaient devant le Seigneur au son de tous les instruments de cyprès, des cithares, des harpes, des tambourins, des sistres et des cymbales. Ils arrivèrent à l’aire de Nakôn. Ouzza fit un geste en direction de l’arche de Dieu et il la saisit, car les bœufs allaient la renverser.
La colère du Seigneur s’enflamma contre Ouzza et Dieu le frappa là pour cette insolence. Il mourut là, près de l’arche de Dieu. David fut bouleversé, parce que le Seigneur avait ouvert une brèche en se ruant sur Ouzza. Aujourd’hui encore, l’endroit s’appelle la Brèche de Ouzza.
David eut peur du Seigneur en ce jour-là et il dit : « Comment l’arche du Seigneur pourrait-elle venir chez moi? » David renonça donc à transférer l’arche du Seigneur chez lui, dans la Cité de David, et il la remisa dans la maison de Oved-Édom le Guittite. (2 Samuel 6, 3-10)
Ouzza est mort pour avoir empêché l’arche de l’alliance de tomber! Lui qui voulait seulement prévenir une catastrophe est exécuté par Dieu. Les commentateurs rabbiniques et les versets de 1 Chroniques 15,12-15 voient dans ce geste une violation de la règle exigeant que les Lévites portent l’arche « les barres sur leurs épaules » (voir Exode 25,13-16 et Nombres 4,5-6).
En fait, l’erreur d’Ouzza est d’avoir oublié que le contact direct ou indirect avec Dieu comporte un danger de mort. De nombreux textes bibliques le rappellent. On craignait de mourir si l’on voyait Dieu (Exode 19,21-24; 33,20; Juges 6,22-23; 13,22; Isaïe 6,5), si on l’entendait (Exode 20,19; Deutéronome 5,24-26) ou si on touchait à son sanctuaire (Nombres 4,15.20). Le récit de la capture de l’arche par les Philistins (1 Samuel 6,19) montre que plusieurs hommes ont été frappés par le Seigneur parce qu’ils avaient simplement regardé l’arche de l’alliance. On comprend alors l’attitude de David qui finit par avoir peur de prendre l’arche dans sa maison.
La crainte du Seigneur apparaît comme un sentiment normal dans la Bible puisque la puissance de Dieu surpasse de beaucoup celle des êtres humains. Ceux-ci ne peuvent que reconnaître leur fragilité et leur petitesse, et se tourner vers Dieu avec des sentiments d’adoration et d’émerveillement et surtout de respect. Dans la relation avec Dieu, la crainte doit être équilibrée par la confiance. D’ailleurs, à maintes reprises, quand Dieu se manifeste à une personne, il l’invite à ne pas craindre.
Il est vraisemblable que ce récit ait été transmis pour rappeler le respect à l’égard du Seigneur et de ce qui est sacré. Nous pouvons sans doute nous en inspirer encore aujourd’hui. Le manque de respect n’est-il pas souvent déploré dans les rapports humains, chez nous?
[1] YHWH est le nom du Seigneur révélé à Moïse, dans la rencontre du buisson ardent. Il s’agit du nom personnel du Dieu d’Israël. Par respect, les juifs ne prononcent jamais ce nom. Quand ils doivent lire ces quatre lettres ou tétragramme, ils disent : « le Seigneur » ou « Adonaï ». La TOB a respecté cette coutume et a traduit le mot par « Seigneur ».
Texte complet dans :
Mais d’où vient la femme de Caïn. Les récits insolites de la Bible
Sébastien Doane, Montréal, Novalis ; Paris, Médiaspaul, 2010.
Article précédent :
Le suicide du roi Saül
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