chronique du 10 mars 2009
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La montagne de la Loi La terre entière appartient à Dieu. Mais il y a des lieux privilégié où Dieu choisit de parler aux humains. Le Sinaï en est un. On le connaît aussi sous le nom de Mont Horeb. Trois fois en des circonstances décisives pour l'histoire de son peuple, Dieu a parlé au Sinaï. C'est là que Moïse a vu le Buisson Ardent et entendu l'appel de Dieu. C'est là que Dieu s’est révélé à Moïse au milieu des éclairs et du tonnerre, qu’il a conclu l’Alliance avec Israël et lui a donné la Loi. C’est toujours là que plusieurs siècles plus tard, le prophète Élie contemplera la gloire de Dieu dans le murmure d’une brise légère et recevra la mission de ramener le peuple d’Israël vers son Dieu. De ces trois grandes manifestations de Dieu au Sinaï, la plus importante et la plus grandiose fut celle qui suivit le passage de la mer Rouge. Moïse revient en ce lieu où Dieu lui était apparu et lui avait confié la charge de délivrer son peuple. La mission est maintenant accomplie. Moïse ne revient pas seul. Un peuple l'accompagne. Un peuple libéré qui peut témoigner de la protection de Dieu à son égard. Mais cette libération n'était que le prologue d’une œuvre plus grande encore. Si Dieu avait libéré son peuple d'une tyrannie humaine, c’était pour en faire son porte-parole au milieu des autres peuples sur la terre entière. Voici comment les Juifs se racontent d'âge en âge les entrevues de Moïse avec Dieu. Dieu dit à Moïse : Tu parleras ainsi aux enfants d'Israël : Vous avez vu vous-mêmes, comment je vous ai portés, sur des ailes d'aigle et amenés vers moi. Désormais, si vous m'obéissez, je vous tiendrai pour miens parmi tous les peuples. Je vous tiendrai pour un royaume de prêtres et une nation sainte (Ex 19, 4-6). La proposition vient de Dieu. C'est un choix gratuit. Moïse aimera à le rappeler aux Israélites : Si Yahvé s'est attaché à vous et vous a choisis, ce n'est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples. C'est par amour pour vous et pour garder le serment juré à vos pères (Dt 7, 7). Ce choix est une marque de prédilection de Dieu. Mais Israël ne doit pas s'en enorgueillir. Il a une mission à remplir. Il sera un royaume de prêtres. C'est-à-dire que le peuple servira Dieu en étant son témoin parmi les autres peuples. Par sa foi, par son amour de Dieu, par la droiture de sa vie, il sera sur terre le signe visible de l'amour de Dieu. L'Alliance Le mot « alliance » fait partie de notre langage de tous les jours. On dit que deux pays font alliance lorsqu'ils unissent leurs forces après avoir précisé leurs obligations réciproques. Par ailleurs on appelle aussi « alliance » l'anneau que portent les personnes mariées. Ces anneaux ou ces alliances sont le signe de l'amour que les époux se sont promis l'un à l'autre. Il faut avoir présent à l'esprit ces deux significations du mot « alliance » pour comprendre ce qu'est l'alliance conclue entre Dieu et son peuple au Sinaï. Un contrat bi-latéral L'alliance du Sinaï est un contrat comme il y en avait à cette époque et aujourd’hui encore, entre des nations alliées. Les « hautes parties contractantes » sont Yahvé d'une part, et d'autre part le peuple d'Israël. Cela ne veut pas dire que l'on mette Dieu et le peuple sur un pied d'égalité, mais que l'un et l'autre sont libres de s'engager ou de ne pas s'engager. Dieu s'engage à protéger le peuple. Le peuple s'engage à n'adorer que Yahvé, et à observer la Loi qu'il donne. Une alliance qui repose sur l'amour Ce contrat n'est pas basé sur l'intérêt. Il repose sur l'amour de Dieu pour son peuple. Le peuple devra répondre à son tour en aimant son Dieu. Il y a un choix réciproque, un choix d'amour, comme dans un mariage. Et c'est pourquoi plusieurs termes font allusion à l'amour matrimonial par analogie. Dieu est un Dieu jaloux. De même qu’un époux ne peut tolérer que son épouse fasse des avances à un autre homme, ainsi Dieu ne peut accepter que son peuple rende un culte aux idoles. Lorsque le peuple offrira des prières ou des sacrifices à des faux dieux, les prophètes le traiteront de peuple adultère. Ils le compareront à une femme mariée qui se montre infidèle. Ils l'accuseront de se « prostituer avec les idoles ». Ces mots nous étonnent, et peut-être même nous choquent. Ils nous étonneraient encore bien plus si nous les comprenions. La Loi de Dieu n'est pas une exigence arbitraire et tyrannique ; elle est la garante d'un amour. Ces mots nous donnent la clef pour comprendre l'ensemble des lois qui vont régir Israël. Car toute la Loi se résume dans l'exhortation de Moïse : Tu aimeras Yahvé ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir (Dt 6, 5).
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