chronique du 7 octobre 2008
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Faire une relecture de son aventure spirituelle (5/5) « Et, commençant par Moïse…, Jésus leur interpréta dans les Écritures ce qui le concernait ». Je vous invite à lire le texte des « pèlerins d’Emmaüs Luc 24, 13-35. J’éprouve un malaise en méditant ce texte parce que je trouve que ces disciples sont un peu laconiques. On nous rapporte que commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur interpréta dans toute l’Écriture ce qui le concernait. Ils ne disent rien sur cette interprétation, semble-t-il. Amis lecteurs, peut-être êtes-vous comme moi qui aurais bien voulu avoir la cassette de la prédication de Jésus. Heureusement que ce n’est pas ainsi ! Quand nous lisons un texte biblique, un travail d’interprétation nous est demandé. Devant un texte de la Parole, nous essayons, ayant une parole d’humain, de le faire parler. C’est à nous de faire ce travail de lire l’Écriture pour y découvrir la présence de Dieu. Un autre ne le fera pas à notre place. Rien de pire que d’avoir le texte écrit sans effort d’actualisation de notre part. Si on avait eu cette homélie de Jésus, cela ne nous empêcherait-il pas d’être intelligents ? On n’aurait eu qu’à la recopier. Hors, c’est justement le travail de nos groupes de partage et de nos communautés que de lire les événements de nos vies à la lumière de cet événement-témoin et de les faire parler en ce sens. C’est par le travail des disciples de Jésus que nous avons pu comprendre les événements de la Croix. S’ils n’avaient pas fait ce travail, le geste suivant n’aurait pas pris sens. C’est ainsi que la première génération chrétienne, éclairée par l’Esprit, a produit nos quatre Évangiles. Le texte des disciples d’Emmaüs semble dire qu’ils le reconnurent au geste de la fraction du pain. C’est un geste que Jésus avait fait, donc un signe reconnaissable de cette vie donnée et livrée. D’ailleurs à la fin, ils disent : Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous quand il nous parlait en chemin. Est-ce que ce geste est parlant tout seul ou grâce à la parole ? Parole et geste ne peuvent pas être séparés l’un de l‘autre. Il me semble que les deux tables, celle de la Parole et celle de l’eucharistie disent cela : la parole se déploie dans les sacrements et ces derniers ont du sens à la lumière de la Parole. Le Concile avait relié les deux. Dans le texte, la phrase : Notre cœur était tout brûlant relie le geste eucharistique à la parole. Mais la Parole conduit quelque part à l’Eucharistie. Amis lecteurs, je vous invite lorsque vous ferez une méditation personnelle ou un partage biblique à vous poser les questions suivantes : 1. Par rapport à un texte de la Parole, quelle est mon sentiment ? Joyeux Embarrassé Frustré Indécis Anxieux Gêné Jusqu’à quel point êtes-vous convaincu que Jésus fait route avec vous, quels que soient votre sentiment et l’événement vécu ? 2. Une lecture féconde de la Parole suppose toujours un va-et-vient entre mon vécu et le texte de la Parole. Je trouve des exemples où ce mouvement m’a permis de grandir dans ma foi. Quelles sont encore mes résistances ? Mes réussites ? 3. Toute situation humaine peut être le lieu d’une annonce de Dieu et de l’évangile. Tout ce qui arrive dans la vie d’une personne est au premier abord susceptible de l’ouvrir à Dieu. N’importe quel événement (y compris l’expérience du péché et de la souffrance) peut être occasion de rencontrer Dieu. Comment est-ce que je réagis à cette affirmation ? 4. On l’a vu précédemment, Jésus nous interprète les Écritures qui le concernent, à partir de Moïse, tout en respectant notre rythme de compréhension et de re-lecture. On ne passe pas forcément de façon linéaire, d’une situation de vie à une expression de foi et réciproquement. Le recul est nécessaire pour décanter l’expérience. Il y a également la présence des membres d’un groupe de partage ou d’une communauté de foi, en tant que témoin de la foi, qui invitent à faire le passage en temps et lieu. Comment les autres sont-ils pour moi révélateurs de la présence de Dieu dans ma vie ? Dans les prochaines chroniques Le thème de l’Alliance et le personnage de Moïse viendront alimenter et questionner notre intelligence de la foi.
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