chronique du 20 mai 2008
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Aventure spirituelle et expérience de foi (3/7) Une illusion tenace ! Une des illusions les plus tenaces de lacte de croire consiste à simaginer quil aurait été plus facile de croire si nous avions été à la place des personnages bibliques. Quel croyant na jamais pensé : « À la place de telle personnage biblique, moi jaurais cru et agi de telle façon et cela aurait été plus facile! » Pour Abraham par exemple, on souligne la plupart du temps sa foi et son audace. Ce quon entend moins souvent, cest que dans lacte de croire dAbraham, il y a tout un cheminement ponctué de renoncement, de relecture, de persévérance! Abraham aurait-il lui aussi eu de la difficulté à croire ? Sans aucun doute ! Comment Dieu parla-t-il à Abraham ? Comme nous lavons vu dans une chronique précédente, Dieu parla à Abraham. Comment le fit-il ? Dieu a parlé à Abraham avec une fréquence et une familiarité incomparable. Était-ce une voix extérieure ou intérieure qui sadressait à Abraham ? Une seule fois la Bible précise quAbraham a parlé avec Dieu, au moment où il a reçu « trois hommes » pour leur donner à boire et à manger, mais tout ce que la Bible nous dit de cette visite, loin de simplifier le mystère, ne fait que lapprofondir. Peu importe. Dieu a parlé avec Abraham de la façon quil a jugé bonne. Quimporte quil parle dans une vision fulgurante comme à saint Paul, dans un buisson ardent comme à Moïse, dans un songe comme à Salomon, ou par une inspiration intérieure comme aux prophètes, par un ange comme à Marie, ou simplement par une coïncidence comme à saint Augustin quand une voix enfantine sécrie : Prends et lis ! ou plus simplement encore par lappel de la pauvreté (car elle contient la voix de Jésus proclamant les Béatitudes) comme à saint François dAssise ou à saint Vincent de Paul. Heureux celui qui entend la parole de Dieu et la met en pratique Les gestes dAbraham ne valent pas moins que ses propres paroles. Il nous apprend à ne pas considérer la vie comme une trêve profane entre le moment sacré de la Création et celui du Jugement. Chaque heure de sa vie est une étape dun pèlerinage sacré. Il en va de même pour tous les saints, même sils nont reçu aucune révélation spéciale. Cest dans la vision immédiate de la pauvreté, du sacrifice, du devoir détat ou du devoir missionnaire quils ont lu et accompli, jour par jour, lordre de Dieu, comme Abraham. Ce que le père des patriarches enseigne de plus précieux à nous les plus lointains de ses fils spirituels, cest quà nous aussi dans le mystère de la vie quotidienne comme dans celui de la Bible, sadresse cette étrange et grandiose parole : « Et Dieu dit... » Mais cest de nous que dépend la réponse. Jamais seul pour croire ! Autour de moi, jai une famille, des amis, lÉglise. Je suis entouré dhommes et de femmes qui partagent ma foi. Et même lorsquun homme est seul de sa famille à avoir reçu le baptême, il nest pas seul dans la foi. Il a été reçu au jour de son baptême dans lÉglise et il fait partie à part entière du peuple de Dieu. Sa foi rencontre celle de ses frères et surs en Jésus Christ et sappuie sur elle. Et même si jétais seul chrétien dans un pays païen ou athée, ma foi rejoindrait, par-dessus les frontières et par-delà les mers, la foi de mes frères. Avec eux jadhère au même Credo, je récite la même prière du Pater, je lis ou je porte en mon cur le même Évangile. La foi est souvent difficile. Mais parce que nous ne sommes pas seuls, la foi des uns soutient, étaye, encourage la foi des autres. Sil est vrai de dire que jai la foi, il est plus vrai encore de dire que nous avons la foi. Il serait plus exact encore de dire que lÉglise a la foi. Cest mon appartenance à lÉglise qui donne, nourrit et fait grandir ma foi. La vie et orpheline d'un sens ! Ainsi se présente la vie, sans père, ni mère ; elle ne semble pas savoir doù elle vient. Il faut linterroger ; elle a quelque chose à dire ; elle porte en elle des secrets quelle ne révèle quà ceux qui la prennent à bras-le-corps. Il y a plus en elle que ce quelle laisse voir. La vie est orpheline dun sens. Elle a besoin des humains pour révéler le sens quelle porte. Tous ceux qui accueillent la vie avec ses expériences les plus fortes montrent que ça vaut la peine de sengager sur ce quon ne voit pas encore. Tous ceux qui vivent, agissent et ne se résignent pas à ronronner vont au-delà de ce quils voient ou, mieux, ils voient déjà plus que ce quils voient. Dans la prochaine chronique, nous nous poserons la question : « Et moi, comment Dieu me parle-t-il? »
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