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chronique du 28 mars 2006
 

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L'humanité du Christ


Permettez-moi de vous partager une considération issue de mon expérience en éducation de la foi des adultes, à propos de l’adhésion en vérité au mystère de l’Incarnation du Verbe de Dieu : Jésus le Christ, vrai Dieu et vrai Homme. En général, les adultes croyants n’avaient pas de difficulté à croire en la divinité de la personne du Christ. Par contre, ils manifestaient de la gêne pour ne pas dire de l’embarras avec le « deuxième volet » du mystère de l’Incarnation, à savoir l’adhésion en vérité à l’humanité du Christ. L’Église nous demande de « tenir les deux ». Dans les prochaines chroniques, je vous proposerai un parcours permettant de mettre l’accent sur l’humanité du Christ.

     Que dit l’Église à ce propos? Dans le catéchisme de l’Église catholique, on peut lire entre autres aux numéros suivants :

     # 479 : Au temps établi par Dieu, le Fils unique du Père, la Parole éternelle, c’est-à-dire le Verbe et l’Image substantielle du Père, s’est incarné : sans perdre la nature divine Il a assumé la nature humaine.

     # 483 : L’Incarnation est donc le mystère de l’admirable union de la nature divine et de la nature humaine dans l’unique Personne du Verbe.

     Le Catéchisme souligne aux numéros 464 à 469 combien l’Église a dû défendre et clarifier cette vérité de foi au cours des premiers siècles face à des hérésies qui la falsifiaient. Cette difficulté concernant l’identité du Christ n’est pas nouvelle. Prenons l’Évangile selon saint Marc. Ce dernier est divisé en deux parties : Mc 1 – 8, 29 Qui est Jésus? et Mc 8,30 – 16, 20 Jésus se révèle. Entre les deux, il y a la question centrale de Jésus à Pierre : Et vous, qui dites-vous que je suis? Prenant la parole, Pierre lui répond : Tu es le Christ (Mc 8, 29).

    Étrangement, dans la première partie de l’Évangile les démons semblent connaître l’identité de Jésus. De quoi te mêles-tu, Jésus de Nazareth? tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es : le Saint de Dieu (Mc 1, 24); Jésus ne laissait pas parler les démons parce que ceux-ci le connaissaient (Mc 1, 34); Les esprits impurs se jetaient aux pieds de Jésus en criant : Tu es le Fils de Dieu (Mc 3, 11-12); De quoi te mêles-tu, Jésus, Fils du Dieu Très Haut. Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas (Mc 5, 6-9).

    Jésus les fait taire et refuse leur témoignage, parce qu’il conduirait les humains à une erreur sur sa véritable identité et sa mission de salut. Pendant que les démons veulent faire déraper sa mission, les humains s’interrogent. Qui est-il? En Marc 8, 29, Pierre proclame : Tu es le Christ. Premier pas réel vers la foi, point central de l’Évangile de Marc. Oui, Jésus est le Christ, mais il lui reste à enseigner à ses disciples ce que ça veut dire en vérité être le Christ.

   Dans la deuxième partie de l’Évangile, Jésus fait évoluer ses disciples en leur faisant saisir qu’être le Christ selon la volonté de Dieu, implique le passage par la mort sur la croix et sa résurrection le troisième jour. Dure réalité à avaler pour Pierre. Un Messie crucifié, c’est inacceptable! Jésus réconfortera les disciples par l’expérience de la Transfiguration. En Marc, 15, 39 c’est la profession de foi du centurion romain au pied de la croix : Cet homme était Fils de Dieu qui fait écho au début de la Bonne Nouvelle : Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu (Mc 1,1). En donnant ces deux titres à Jésus, Marc veut conduire ses lecteurs à proclamer que ce personnage historique qu’est Jésus, le Galiléen, le charpentier de Nazareth, le Crucifié, est Christ et Fils de Dieu. C’est comme le titre de son évangile qui est en fait une proclamation de foi chrétienne.

    C’est dans le Christ en croix que se trouve, comme résumée, toute l’expérience humaine de Jésus. Dans cet événement, l’homme Jésus s’accomplit; il n’a pas manqué sa vie. La mort n’a pas eu le dernier mot. Dans la croix, Dieu ne rejette pas l’humain. Ce dernier s’accomplit dans cette volonté de Dieu accomplie jusqu’au bout dans la fidélité. Jésus en croix nous révèle qu’en lui, l’humain et Dieu sont réconciliés. La Résurrection accrédite le chemin de croix comme un chemin de vie. La croix est l’ultime étape de l’expérience de Jésus sur terre. Elle est la conséquence des choix qu’il a fait en faveur du règne de Dieu. Dans cette disponibilité, cette obéissance absolue à Dieu son Père jusqu’à la mort sur la croix, se révèle pleinement l’humanité de Jésus. Nous pouvons nous reconnaître en Jésus le Christ, l’humain pleinement achevé. Pour reprendre l’expression des Pères de l’Église, Jésus veut nous diviniser en faisant de nous des fils de Dieu par adoption et des serviteurs du Père par choix et par don.

    Je vous invite donc dans les prochaines chroniques à contempler l’Humanité du Christ Jésus, à l’approfondir, à l’adorer et à en témoigner.


Mise au point...
  Dans la chronique du 11 octobre 2005, j’écrivais que Marc termine son évangile en 16, 8. À propos de la finale de cet évangile, il existe plusieurs interprétations exégétiques. Il faut cependant comprendre que la « finale officielle de Marc » vv. 9-20, fait partie des Écritures inspirées; elle est tenue pour canonique. Pour les lecteurs intéressés par ce sujet : consulter les notes de la Bible de Jérusalem, page 1479 et les notes de la TOB, pages 179 et 180. P.Alarie.

(suite dans la prochaine chronique)

Pierre Alarie, bibliste
Montréal

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Groupe de méditation chrétienne