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à outils biblique
La suite du
Christ, devenir un briseur de solitude (5e partie)
1. Regarder pour voir les vrais besoins
Pierre et Jean vont au temple pour célébrer
« leur messe », traversant la cohue des miséreux qui
se tiennent à la porte. Arrive également un malade porté
par des anonymes. Il vient mendier et il interpelle les apôtres.
Il les dérange en pleine activité liturgique. Leur projet
pastoral est bousculé... L'exclu veut obtenir une aumône.
Tout se joue dans la réponse de Pierre. Pierre est tellement démuni
qu'il n'a même pas de quoi satisfaire la demande qu'il entend. N'ayant
aucun argent, Pierre change de registre. Et il « fixe les yeux sur
lui ». L'expression est propre aux Actes des Apôtres
où elle revient 9 fois. Comme Jésus « voyait »
les situations, tel l'épisode de la résurrection dun
jeune homme à Naïn. Quand le Seigneur rencontra la mère
du défunt, il fut rempli de compassion pour elle et lui dit : Ne
pleure pas... (Luc 7, 13).
La démarche du pasteur commence
par un regard: accepter de se laisser déranger, accepter de constater
que la personne humaine est plus importante que les plans pastoraux les
mieux élaborés. Tout commence par un regard.
Voir celui qui est exclu et qui vit en
marge d'une communauté humaine... S'arrêter pour regarder
avec attention l'étendue de la solitude et de la peine éprouvée...
Etre capable de scruter la détresse d'une personne au-delà
de sa demande. Oser contempler celui qui vit en état de besoin
et être capable d'y voir le Christ. Regarder, c'est aussi accepter
de n'être pas celui ou celle qui peut répondre aux besoins
de la personne. Etre capable de référer...
Regarder est le contraire de détourner
les yeux, de se fermer les yeux... comme si « ça ne me concerne
pas...».
Pistes dactualisation :
Pour moi, que signifie lexpression: « rendre service »?
Quelle est ma réaction première lorsque quelquun
me demande un service?
Quand mest-il déjà arrivé dêtre
dépourvu devant une demande daide ou de service? Comment
men suis-je sorti?
Je trouve des exemples où on ma rendu service, où
je me suis senti écouté dans lexpression de mes besoins.
Comment me suis-je alors senti?
Généralement, dans ma vie, puis-je affirmer que les
personnes ont la priorité?
Sinon, que pourrais-je faire pour améliorer ma capacité
dêtre centré sur la personne dabord?
Comment suis-je capable de référer une personne à
une autre ou à un organisme lorsque la demande dépasse mes
compétences.
Suis-je le genre de personne à prendre « sur
mes épaules » les problèmes et les besoins de
tous et de chacun?
2. Établir un contact authentique
Voir, cependant ne suffit pas. Le prêtre
et le lévite avaient vu le blessé et s'en étaient
détournés... parce que ce blessé n'entrait pas dans
leurs vues, ni dans leur agenda de planification « pastorale ».
Ce fut le Bon Samaritain, celui qui était exclu de la communauté
juive officielle qui prit soin du blessé. Pierre établit
un contact authentique et réel : il parle à cet homme. Il
lui saisit la main. C'est ainsi qu'il le relève et fait couler
en lui la force de la Parole de Dieu qui rétablit. Ce n'est pas
la parole seule de Pierre qui fait lever l'infirme, mais le contact, le
geste de Pierre qui tend la main. Aussitôt, ses pieds et ses
chevilles s'affermirent. D'un bond, l'infirme fut debout.
Pistes dactualisation :
Pour moi, que signifie établir un contact authentique avec
quelquun?
Quand ai-je déjà vécu des expériences
de vie où lon a manqué dauthenticité
envers moi? Quest-ce que cela ma fait?
Quand mest-t-il déjà arrivé de trouver
des excuses pour ne pas être disponible au service dun autre?
Comment pourrais-je être plus attentif aux besoins des personnes
que Dieu met sur ma route?
Pour moi, qui est mon prochain?
(suite à la prochaine chronique).
Pierre Alarie, bibliste
Montréal
Chronique
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