La Pentecôte dans le Livre d’heures de Béatrice de Rieux, circa 1390. Bibliothèque de Rennes Métropole (Domaine public).
40 et 50 jours après Pâques
Sylvain Campeau | 10 juin 2019
J’aimerais savoir si les nombres 40, pour l’Ascension (40 jours après Pâques) et 50 au sujet de la Pentecôte indiquent un réel espace-temps. (Louise)
En utilisant le mot « réel », votre question trahit sans doute une intuition. Écrite par des auteurs orientaux, vous savez que la Bible regorge de nombres symboliques. Dans le cas de l’Ascension, le nombre 40 nous indique le remplacement d’une période par une autre, le passage d’un moment où Jésus ressuscité était encore présent auprès des témoins de sa résurrection à une nouvelle période, le temps de l’Église, où il ne sera plus possible de vivre ce genre d’expérience unique que nous appelons les « apparitions ». On peut expliquer de la même manière la période des 40 jours au désert dans le récit des tentations de Jésus qui marquent le passage de sa vie « cachée » à la période de son ministère publique.
Dans le cas de la Pentecôte, le nombre semble arrondi à 50 mais pour être plus juste, on parle ici de sept semaines (7x7=49) et le jour de Pâques est comptabilisé dans le calcul (49+1=50). Pour comprendre le symbolisme associé au nombre 50, il faut donc regarder du côté du chiffre 7 qu’on associe aux réalités divines car il représente la perfection.
Les premiers chrétiens n’ont pas inventé cette fête : la Pentecôte existe dans l’Ancien Testament. Elle est d’abord une fête agraire probablement empruntée au culte cananéen. Mais elle évoluera pour devenir un mémorial rappelant la conclusion de l’Alliance sur le Sinaï. La communauté chrétienne primitive a donné un sens nouveau à cette fête juive en fonction de sa foi en Jésus ressuscité. Pour les Israélites, la Pentecôte rappelait le don de la Loi ; les premiers chrétiens ont donné un sens nouveau à la fête qui rappelle le don de l’Esprit à la communauté nouvelle rassemblée au nom de Jésus.
En résumé, les nombres 40 et 50 jours après Pâques, qu’on retrouve dans les récits de l’Ascension et de la Pentecôte, ne font pas référence à une période de temps précise. Ils doivent être compris de manière symbolique comme le passage d’une période à une autre (40) ou comme un moment où Dieu se manifeste par le don de son Souffle saint (50).
Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.