Not My Will, But Thine. Walter Rane Prints
Jésus et sa souffrance
Jérôme Longtin | 26 mars 2018
Tout le Nouveau Testament constate que Jésus a dû souffrir. L’auteur de la lettre aux Hébreux affirme que la souffrance a eu, pour Jésus lui-même, deux effets. Elle lui a appris l’obéissance et elle l’a rendu parfait, c’est-à-dire pleinement accompli dans son être de Fils et de médiateur entre Dieu et l’humanité. Pour les humains, cette souffrance a pour conséquence que ceux qui obéissent au Christ obéissant peuvent recevoir le salut éternel.
Cette lecture théologique des événements nous révèle que, très tôt, les chrétiens ont trouvé un sens à la souffrance de Jésus. Celle-ci n’est pas un accident de parcours, ou la conséquence de circonstances malheureuses; elle appartient mystérieusement au plan de Dieu et elle a valeur de salut. Mais pouvons-nous percevoir, à travers la médiation des textes, comment Jésus lui-même a vécu l’épreuve de la souffrance?
Les Évangiles, comme d’ailleurs le reste du Nouveau Testament, sont assez discrets sur la nature de la souffrance de Jésus. La description la plus détaillée figure dans la troisième annonce de la Passion (Marc 8,33-34 et parallèles). Mais l’énumération des souffrances demeure impersonnelle. Il s’agit d’un résumé des principaux moments de la Passion. Lorsque les évangélistes envisagent les souffrances de Jésus, il s’agit toujours de la condamnation à mort et du supplice qui s’ensuivit. Les difficultés rencontrées durant le ministère public, auxquelles il est fait brièvement allusion par ailleurs, ne semblent pas se situer au même niveau que l’épreuve décisive de la Passion.
Il est illusoire de tenter une reconstitution du caractère psychologique de Jésus et de ses réactions devant la souffrance imminente. Tous les témoignages de foi qui nous sont parvenus s’entendent pour affirmer que Jésus prévoyait que son action entraînerait la souffrance et la mort. Devant cette perspective, Jésus est troublé : Maintenant, mon âme est troublée. Et que dire? Père, sauve-moi de cette heure! (Jean 12,27a). Mais, en même temps, il reconnaît que son choix fondamental de fidélité à son Père l’amène à accepter, en toute liberté, les conséquences de ses options : C'est pour cela que je suis venu à cette heure (Jean 12,27b). Personne ne m’enlève (ma vie); mais je la donne de moi-même (Jean 10,8).
Ainsi donc Jésus, sans rechercher la souffrance pour elle-même, l’accepte-t-il librement dans la perspective d’une fidélité sans faille à la volonté de Dieu.
Jérôme Longtin (1947-2015) était prêtre, bibliste et l’un des premiers artisans du site interBible. Il a exercé son ministère au diocèse de Saint-Jean-Longueil (Québec).