chronique du 12 novembre 2010 |
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Yahvé, Dieu de la délivrance ou du quotidien ?Le christianisme a repris sans hésitation la notion de Yahvé comme Dieu de la délivrance et du salut. Depuis, on vient souvent à Dieu pour le salut, qu’il s’agisse du salut de notre « âme » ou de la délivrance du péché ou des difficultés de la vie. Par conséquent, on accorde volontiers à Dieu la juridiction sur la délivrance, mais pas nécessairement sur les affaires quotidiennes. Dans la gestion de son argent ou dans son comportement au travail, en famille ou en voiture sur la route, on estime souvent en pratique que Dieu est hors de sa juridiction. De même, notre société exige que l’on garde la religion et la spiritualité dans la sphère privée, regardant avec méfiance toute mention ou intrusion du religieux dans la sphère publique. Cette attitude relève de l’absurde ou d’une forme de schizophrénie : je vais adorer chez moi ou à l’église le Dieu qui demande qu’on s’occupe des pauvres et des opprimés, mais je ne vais rien faire moi-même ni rien exiger de ma société pour améliorer le sort des pauvres et des opprimés! Une telle religion ressemble dangereusement au baalisme, qui n’exigeait de ses adorants qu’un culte (prières, sacrifices, etc.), sans aucun égard pour le comportement en société. Or, l’histoire d’Élie montre l’importance de soumettre à Dieu toutes les sphères de notre existence. Selon Élie, Dieu n’est pas seulement le dieu de la délivrance : il est aussi le dieu du quotidien. Il faut donc faire confiance à Yahvé pour tous les aspects de notre vie, et il faut accepter sa souveraineté sur toutes les sphères de notre vie. Cela veut dire en particulier vivre toute sa vie selon les principes éthiques exigeants donnés par Dieu dans la Bible, notamment dans le Nouveau Testament. Jésus dans les Évangiles appelle les gens à le suivre, à devenir ses disciples, donc à conformer leur vie à son enseignement. Il ne demande pas seulement aux gens de venir à lui pour « être sauvés ». La conversion, ce n’est pas seulement se tourner vers Dieu pour qu’il sauve notre « âme » : c’est d’abord reconnaître sa souveraineté dans nos vies, ce qui nécessairement implique que nous devons agir différemment par la suite. Notre monde a grand besoin de personnes qui font preuve d’intégrité, des gens qui intègrent ce qu’ils croient et ce qu’ils sont, qui intègrent ce qu’ils pensent et ce qu’ils font, pour être la même personne dans tous les domaines de leur vie. Notre monde a besoin de gens qui font de Dieu non seulement le Dieu du salut, mais aussi celui du quotidien, le Dieu de la famille, le Dieu de la communauté, le Dieu du corps, le Dieu de l’esprit (de l’intellect), le Dieu de l’environnement, le Dieu de l’abondance, le Dieu de l’économie, le Dieu de toute la création. Réduire Dieu à la délivrance, c’est rejeter sa souveraineté sur tout le reste de sa création. Début de l'article : Chronique précédente : |
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