chronique du 1er mai 2009 |
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Dieu a-t-il dicté la Bible ?Dieu a-t-il dicté la Bible? C’est ainsi que les musulmans perçoivent leurs Écritures saintes, le Coran. Ils le croient écrit par Mahomet, sous la dictée de l’ange Gabriel lui soufflant à l’oreille les mots du Coran céleste. Chez les chrétiens évangéliques fondamentalistes, même s’ils ne parlent habituellement pas de « dictée de Dieu », il reste qu’ils perçoivent la Bible comme Parole de Dieu à l’état pur, exempte d’erreur. C’est comme si les auteurs bibliques n’avaient eu qu’à mettre par écrit des paroles de Dieu transmises par l’Esprit saint sans qu’il y ait de travail de compréhension ou l’interprétation de leur part. Dans la tradition catholique, notre perception de la Bible et de l’inspiration est profondément marquée par le mode de l’incarnation. Nous croyons certes que les textes bibliques sont un lieu privilégié pour entendre la Parole de Dieu. Mais pour nous, le texte biblique, composé par des humains, n’est pas à confondre avec la Parole de Dieu qui est une réalité divine. Dans le message du synode sur La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, on lit : « La Parole de Dieu précède donc et dépasse la Bible ». Nous croyons que Dieu se révèle en passant par des médiations humaines. Le Prologue de l’évangile de Jean affirme que la Parole s’est faite chair. Cela est vrai du Fils de Dieu en Jésus de Nazareth, mais cela l’est tout autant des écrits bibliques. « La tradition chrétienne a souvent mis en parallèle la Parole divine qui se fait chair avec cette même Parole qui se fait livre. » (Message du synode, §5) Les textes bibliques sont la Parole de Dieu qui se livre en langage humain. Puisque tout langage humain est limité, conditionné culturellement, ainsi en est-il de la Bible. Ses auteurs ont certes été inspirés par l’Esprit saint et éclairés par leur foi, mais cela n’abolit pas les limites de leurs facultés humaines. Méditant sur l’histoire de la révélation judéo-chrétienne, nous constatons que Dieu vient toujours à nous à travers des réalités bien incarnées. L’inspiration biblique s’inscrit elle aussi dans ce mode de l’incarnation. Source : Haute Fidélité, « Comme un livre ouvert », Volume 127, numéro 1, 2009, p. 14. Chronique précédente : |
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