chronique du 5 septembre 2008 |
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Les manuscrits des évangilesQuels sont les textes originaux ou les plus vieux exemplaires disponibles des évangiles? (Jean) Il faut dire d’emblée que nous ne possédons aucuns textes ou manuscrits originaux du Nouveau Testament, et ni du reste de la Bible d’ailleurs. Les manuscrits ou fragments que nous avons ont été eux-mêmes produits à partir de copies et non pas des textes « originaux ». Actuellement, nous avons environ 5700 manuscrits grecs du Nouveau Testament. Certaines copies comportent la totalité des textes néotestamentaires, tandis que d’autres n’en contiennent qu’une partie. C’est de cette immense collection de manuscrits, ainsi qu’avec près 20 000 autres témoins en langues variées (Syriaque, Latin, Copte, etc.), que les spécialistes ont édité le texte du Nouveau Testament que nous avons aujourd’hui. Tous les manuscrits grecs du Nouveau Testament sont divisés en trois catégories : (1) les papyri; (2) les onciaux; (3) les minuscules. À ce jour, on peut compter la découverte d’une centaine de papyri (datant entre les IIe et VIIIe siècle de notre ère). Les évangiles canoniques sont attestés vers 250 de notre ère dans le Papyrus Chester Beatty I (on le dénomme P45). À l’origine, le P45 comportait 220 feuilles de papyri tandis que maintenant il n’en compte que 30. Conservés dans un état fragmentaire, les évangiles se présentent dans l’ordre suivant : Matthieu, Jean, Luc et Marc. Les textes de Lc et Mc sont les mieux conservés (6 feuilles pour Mc; 7 feuilles pour Lc). Matthieu et Jean, par ailleurs, ne comptent que 2 feuilles de papyri chacun. Le livre des Actes, quant à lui, se retrouve dans un état fragmentaire sur les 13 dernières feuilles du P45. Les onciaux sont des manuscrits écrits en majuscules. Parmi les plus significatifs, il y a le Codex Sinaïticus (on le dénomme par le sigle אּ, la lettre hébraïque Aleph) qui date du IVe siècle de notre ère. Il est suivi de près par le Codex Vaticanus (on le dénomme par le sigle B) également du IVe siècle. Ces deux codices sont les plus anciens manuscrits possédant le texte complet des évangiles. À partir du IXe siècle de notre ère, l’écriture des manuscrits se fera en employant la forme minuscule. Cette manière d’écrire a contribué à la production rapide et accrue de manuscrits. Le plus ancien texte complet des évangiles écrit en minuscules est daté de 835 de notre ère (on le dénomme MS. 461). Conservé à la librairie publique de Leningrad, le MS. 461 est un des plus petits manuscrits grecs. Il contient 344 feuilles et mesure 16 cm x 9,4 cm.
Le plus ancien fragment retrouvé d’un évangile provient du Papyrus Rylands datant d’environ 125 de notre ère (on le dénomme P52). C’est un très petit morceau de l’Évangile selon Jean mesurant 6,3 cm x 8,9 cm et qui contient le texte de Jn 18,31-33 (recto) et Jn 18,37-38 (verso). Même s’il ne s’agit que d’un fragment, ce témoignage est la preuve que le quatrième évangile était en circulation au début du IIe siècle de notre ère. De plus, ce papyrus fut retrouvé en Égypte, près du Nil, loin de l’endroit que les spécialistes estiment le lieu d’origine de l’Évangile selon Jean, soit à Éphèse en Asie mineur vers 90 de notre ère. Le P52 aurait donc été copié environ 35 ans après la composition du texte original du quatrième évangile [1]. Note[1] Pour une liste des manuscrits les plus significatifs retrouvés à ce jour, voir les pages 684-720 de la 27e édition critique du Nouveau Testament de Nestle-Aland. On peut aussi consulter L. Vaganay, Initiation à la critique textuelle du Nouveau Testament / 2e édition entièrement revue et actualisée par Christian-Bernard Amphoux. Paris, Cerf, 1986. Chronique précédente : |
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