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chronique du 28 mars 2008

 

La résurrection : genèse d’une croyance

Question

D’où vient la croyance en la résurrection? (Andrée)

RéponseLa résurrection est une croyance relativement récente. Elle s’enracine dans l’histoire juive et apparaît 200 ans avant Jésus Christ. Avant ça, aux temps de Moïse, David et des prophètes, on pensait qu’il n’y avait pas de vie après la mort. Les morts étaient au shéol, qu’on peut traduire par tombeau : le lieu des ombres, du silence et du sommeil. Au-delà de la mort, il n’y avait rien, croyait-on : c’était sur terre que Dieu punissait ou récompensait par la prospérité et la descendance. C’est ce qu’on appelle la théologie de la rétribution.

Une crise, une question

     Au IIe siècle avant notre ère, les Juifs étaient sous la domination des Séleucides (Grecs) et se faisaient persécuter par le roi Antiochus IV Épiphane. Afin d’assimiler les Juifs, on brûle leurs livres saints, on leur interdit leurs pratiques alimentaires et religieuses, et on installe un autel pour Zeus dans la partie la plus sainte du Temple - un geste extrêmement provoquant pour eux. Plusieurs Juifs se révoltent et finissent par être tués pour leur foi.

     De cette persécution surgit une grave question théologique : si une personne se fait tuer à cause de sa fidélité à Dieu, en quoi Dieu, lui, a-t-il été fidèle envers elle? Dieu respecte-t-il son alliance, s’il abandonne les siens à la mort?

Origines d’une réponse

     Puisqu’il n’y a rien au-delà de la mort, la théologie traditionnelle de la rétribution ne fonctionne plus. Une solution apparaît tranquillement avec le livre de Daniel, qui affirme, en pensant aux martyrs : « Beaucoup de gens qui dorment au fond de la tombe se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte, pour l'horreur éternelle. » (Dn 12,2) C’est une révolution pour les Juifs d’évoquer pour la première fois une résurrection individuelle [1] pour ceux qui meurent au nom de leur foi.

     Les persécutions subies par les Juifs au IIe siècle sont racontées dans l’Ancien Testament par le livre des Maccabées, qui propose aussi l’idée de résurrection. Dans le récit de 2 M 7, sept frères sont arrêtés avec leur mère. On leur ordonne de manger du porc (un aliment proscrit par la loi juive). Ils refusent et se font donc torturer et tuer. Avant de mourir, ils affirment courageusement au roi : « Tu nous exclus de la vie présente, mais le roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle. » (2 M 7,9)

La résurrection : l’expérience chrétienne

     Après la mort de Jésus, les disciples vécurent une expérience incroyable : Jésus est revenu à la vie. Comment comprendre cela et comment l’expliquer à d’autres? Leurs premiers réflexes furent d’employer un vocabulaire très concret lié au concept de la résurrection : il s’est relevé, il s’est réveillé d’entre les morts.

     Pourtant, beaucoup de Juifs ne les ont pas crûs. Pourquoi? D’une part, les Saducéens, responsables du Temple, ne croyaient tout simplement pas à la résurrection. Pour eux, la vie se terminait avec la mort. D’autre part, pour les Pharisiens et les Esséniens, la résurrection de Jésus était bien différente de celle envisagée par les livres de Daniel et des Maccabées. Il y a deux différences majeures. Premièrement, ces écrits évoquaient une résurrection à la fin des temps, alors qu’après la résurrection de Jésus, la vie ordinaire a continué son cours! Deuxièmement, dans la résurrection décrite par Daniel et les Maccabées, le Messie n’avait aucun rôle particulier à jouer, tandis que pour les chrétiens, la résurrection du Messie  – qu’ils reconnaissaient en Jésus – est devenue le modèle de leur propre espérance de résurrection.

     En le ressuscitant pour la vie éternelle, Dieu a fait pour Jésus ce qu’annonçaient Daniel et les Maccabées. Les premiers chrétiens ont compris que c’était une bonne nouvelle et qu’ils étaient eux aussi promis à la résurrection. Voilà donc les origines de la bonne nouvelle célébrée à Pâques et à chaque dimanche.

[1] On trouve quelques exemples de résurrection symbolique ou collective (comme la vision des ossements revenant à la vie) dans le livre d’Ézékiel (Ez 37,1-14).

Sébastien Doane

Chronique précédente :
Débat sur la date de la mort de Jésus