INTERBIBLE
À la découverte du monde biblique

comprendre la biblearchéologiegroupes bibliquesinsolite

off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Comprendre la Bible
  image
Imprimer

chronique du 23 février 2007

 

L’enlèvement d’Élie

QuestionPouvez-vous m’expliquer l’enlèvement d’Élie en 2 Rois 1? (Evelyn) 

L'enlèvement d'Élie

Réponse
Les cycles d’Élie (1 R 17–2 R 2) et d’Élisée (2 R 2-8) dans les livres des Rois ont un caractère particulier dans l’Ancien Testament. En effet, contrairement au reste de l’Ancien Testament, il y a dans ces chapitres une concentration de récits miraculeux qui ne se trouve nulle part ailleurs (sauf peut-être dans l’histoire de la sortie d’Égypte dans le livre de l’Exode). On pourrait même préciser, surtout dans le cas d’Élisée, un « miraculeux » de mauvais goût (voir 2 R 1 ; 2,23-24 ; 6,8-23). Aussi, les commentateurs ont-ils pensé qu’il s’agissait là d’histoires populaires où le goût inné pour le merveilleux et l’exagération s’est donné libre cours.

   Dans la pensée antique, si un homme est un prophète ou un homme de Dieu, il devait accomplir des miracles. Élie est le type du prophétisme, étant un de ses premiers et de ses plus éminents représentants (voir Moïse et Élie lors de la transfiguration de Jésus, représentant la Loi et les prophètes ; Mt 17,1-8 et récits parallèles). On a aussi plusieurs récits anciens « d’enlèvement ». C’est comme dire que celui qui appartenait déjà à Dieu a été accueilli par Dieu. Par ailleurs, la Bible aime souligner combien le charisme prophétique dépend de l’« esprit de YHWH ». Or, cet esprit est imprévisible et fait apparaître ou disparaître les prophètes (voir Éz 3,12 ; 8,3 ; 11,1 ; 43,5 ; 1 R 18,12 ; Ac 8,39).

   Le récit de l’enlèvement d’Élie a aussi une fonction de confirmation du charisme prophétique de son successeur Élisée. En effet, le récit fait bien ressortir qu’Élisée reçoit une double part de l’esprit prophétique de son maître (2 R 2,9-12). Il faut donc distinguer ici l’événement (c'est-à-dire la mort d’Élie), sur lequel l’historien n’a aucune prise, et le revêtement littéraire que la tradition lui a accordé. L’enlèvement d’Élie a été relu dans la tradition ultérieure (Si 48,9.12). On peut comprendre l’ascension de Jésus dans la même ligne (Mc 16,19 ; Lc 24,50-51 ; Ac 1,6-11).

Hervé Tremblay

Chronique précédente :
La Bible et la Torah