chronique du 10 octobre 2003 | |||||
Le
nom de Jacob et son combat avec l'ange Jusep de Ribera
Dans la Bible, le prénom de Jacob a-t-il une connotation positive ou négative? Et que signifie son combat avec l'ange? Est-ce un test pour Jacob? Question de Géraldine P. Le cycle de Jacob se trouve, en gros, en Gn 25-40. Le nom « Jacob », en hébreu Ya'aqob, viendrait des anciennes langues mésopotamiennes qui sont de la même famille que l'hébreu, et signifierait « Que Dieu protège » (on reconnaît l'élément Ya qui renvoie au nom de Dieu). Le nom a été repris en grec et en latin, Jacobus, pour donner en français Jacques. Les anciens aimaient s'amuser sur le nom de quelqu'un, mais il faut se garder d'y voir plus que ce que les auteurs ont voulu y mettre. Ainsi, les récits qui constituent le cycle de Jacob ne sont certainement pas historiques, mais plutôt légendaires ou anecdotiques. Cela est admis par tous les biblistes aujourd'hui. Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas un enseignement religieux ou un message. Ainsi, le nom de Jacob a été rapproché du mot hébreu 'aqeb signifie « talon ». On a alors composé le récit de Gn 25,26. On a encore rapproché ce nom du verbe 'aqab qui signifie « supplanter ». De là viennent les récits de Gn 27 où Jacob « supplante » son frère aîné Ésaü. Le récit n'y voit rien de mal, sinon l'accomplissement du plan de Dieu. Le seul passage biblique qui se permet un certain jugement négatif sur ce qu'a fait Jacob est en Osée 12,4. Le Seigneur est en procès avec son peuple et il lui reproche ses péchés et les péchés de ses pères, selon le principe « tel père, tel fils ». Le prophète prend appui sur le récit de Gn 27. Le combat de Jacob avec l'ange Plusieurs des récits très anciens du livre de la Genèse sont « étiologiques ». On entend par là un récit ou une petite histoire qui veut expliquer une situation, une coutume, un nom, etc. Ainsi, le nom de Béer Shéva peut signifier en hébreu « le puits des sept » ou « le puits du serment ». On trouve un récit qui donne chacune de ces explications dans le Genèse (respectivement Gn 21,25-32 et 26,23-33). L'explication est simple. Comme pour aujourd'hui, les noms sont très anciens et on ne sait pas, ou on ne sait plus, pourquoi tel endroit porte tel nom. Alors, les sociétés orales des anciens aimaient composer un récit qui propose une explication. Les Amérindiens faisaient la même chose pour expliquer la forme d'une montagne ou d'un lac, par exemple. Il semble bien que le récit du combat de Jacob avec l'ange (Gn 32,25-33) soit, lui aussi, un récit étiologique. Il s'agit bien d'un combat avec Dieu ; dans les récits très anciens, Dieu ou un ange, c'est pareil (voir Gn 18). Le récit entend expliquer comment Jacob a été surnommé Israël, qui signifie « Que Dieu lutte, se montre fort ». Si le nom d'Israël signifie cela, il faut donc qu'il y ait eu une lutte avec Dieu à un moment donné. Il y a peut-être aussi une autre étiologie au sujet de la mention de la hanche de Jacob (32,26.32). Au v. 26, le texte parle de « la paume de la cuisse ». S'agit-il des parties viriles, comme c'est souvent le cas dans la Bible (voir Gn 24,2)? Le texte veut-il dire que la force d'Israël est tempérée par une faiblesse congénitale? Une chose est certaine, c'est qu'après son combat avec Dieu, « Jacob boitait de la hanche » (voir le v. 32), ce qui signifie que le combat avait laissé des traces visibles ou perceptibles. Évidemment, il s'agit d'un récit assez mystérieux que l'aspect étiologique n'épuise probablement pas. Les relectures juives et chrétiennes qui y voient toute la vie spirituelle du croyant avec Dieu sont pleinement justifiées. Hervé Tremblay, OP
Deux personnages épisodiques des évangiles |
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