chronique du 9 mai 2003 | |||||
L'enlèvement
d'Élie En ce moment, je lis le récit de l'enlèvement d'Élie (2 R 2,1-18). Auriez-vous des éléments permettant de mieux comprendre trois choses : le manteau d'Élie (c'est celui de la grotte et le fait de le rouler évoque un bâton); la traversée du Jourdain dans les deux sens (en dehors de l'histoire de Josué, y a-t-il d'autres références culturelles sur cela, je suppose en lien avec la mort); le char de feu avec les chevaux de feu. Je lirai ensuite le récit du début des Actes : quels emprunts à celui d'Élie, quelle différence marquante? En quoi peut-on dire que c'est la naissance de la communauté? (Christiane) Le manteau, est par voie d'identification, le symbole de celui qui le porte. Donner son manteau , c'est se donner soi-même. Quand saint Martin coupe pour un pauvre la moitié de son manteau, cela signifie plus qu'un don matériel: la charité qui anime le saint symbolise la charité qui anime le saint. Le manteau d'Élie laissé à Élisée signifie que le disciple continue la tradition spirituelle reçue de son maître et bénéficie de tous ses dons. Ainsi on dit des maîtres soufis qu'ils couvrent de leur manteau l'enseignement de leurs disciples, en leur conférant leurs pouvoirs. Élie se situe lui-même parmi les héritiers de Moïse et le fait de rouler son manteau pour en faire un bâton signifie qu'il agit à la manière de Moïse ouvrant la mer des Roseaux avec son bâton (voir Ex 4,16). Même si les eaux ne touchent pas au corps d'Élie et d'Élisée, le symbolisme de l'eau est tout de même à retenir. L'eau est une réalité menaçante et meurtrière. Elle a noyé le pharaon, symbole des forces du péché. Élie qui traverse les eaux du Jourdain fait une expérience de mort et de salut. L'autre symbolisme est celui de l'incorporation (on est baptisé dans le Christ pour être incorporé à lui, devenir membres de son corps). Ainsi Élie est comme ré-enfanté à la vie du peuple de Dieu en étant plongé dans l'eau qui est symbole de la terre de Dieu, celle qui lui appartient d'une façon plus étroite. Son ascension au ciel imite le destin d'un grand héros de l'Orient ancien, Unapishtim, cet être extraordinaire de la Mésopotamie. Élie, héros d'Israël, ne lui est pas inférieur. Lui aussi meurt d'une mort glorieuse et il est glorifié dans la sphère des êtres célestes. Pierre Bougie, PSS
La construction de l'identité sectaire à Qumrân
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