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Archéologie
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chronique du 13 janvier 2017

 

Le Temple de Jérusalem

Porte dorée

Maquette du Temple de Jérusalem à l'époque hérodienne (photo : Sébastien Doane)

D’entrée de jeu acceptons d’abord le constat suivant : nous ne retrouverons sans doute jamais les structures du temple de Jérusalem.  Nous avons cependant un allié : nous disposons de certaines informations écrites qui permettent aux chercheurs de proposer des hypothèses pour tenter d’en donner une certaine représentation. Ces informations se retrouvent principalement dans les textes suivants : 1 R 6-8 (ou son parallèle 2 Ch 3-6; voir aussi Ez 40-44) en ce qui concerne le temple de Salomon, ainsi que dans les passages du Pentateuque qui en fournissent aussi une description (Ex 25-26). Pour le temple d’Hérode, c’est encore Flavius Josèphe qui demeure notre source la plus fiable, dans le cinquième chapitre de la Guerre des Juifs. Ses propos sont dithyrambiques, à un point tel qu’on en vient à douter de leur crédibilité. Mais l’expérience nous a montré plus d’une fois que, derrière ses descriptions, Flavius est souvent très proche de la réalité.

Les études consacrées au temple de Jérusalem sont légion. Il n’est pas possible ici de faire état de toutes les hypothèses, thèses et synthèses qui ont été rédigées sur le sujet. On présentera, dans ce qui suit, la configuration de l’esplanade du temple à l’époque d’Hérode et du Nouveau Testament.

porte Dorée

Plan et coupe du second Temple ; plus bas, sa situation dans l'enceinte qui l'abritait.

Ce dessin présente une coupe et une vue en plongée du temple lui-même. Il s’agit ici d’une hypothèse, car d’autres auteurs proposent une vision assez différente de cette construction.  Tous s’entendent cependant pour dire qu’il y avait trois pièces principales, telles que signalées dans les textes anciens : le vestibule (oulam), le saint (hekal) et le Saint des saints (debir). Devant le temple se trouvaient des colonnes. Le texte de 1R leur donne même un nom : Boaz et Yakin (1 R 7,15-22). Ces colonnes sont encore représentées sur les monnaies frappées par les insurgés de la Première révolte juive. L’intérieur du temple était richement décoré et l’on peut s’attendre à ce qu’Hérode, qui voulait plaire aux Juifs (qui ne le portaient pas nécessairement dans leur cœur), y ait mis le paquet pour se faire accepter de la communauté juive. Commencé en -20, il fut achevé en 66, bien après la mort d’Hérode (survenue en -4). Il n’aura existé, complet, que durant quelques années, avant sa destruction par les troupes de Titus en 70.

Le plan inférieur reproduit l’esplanade et ses divers secteurs. On reconnaît la configuration actuelle de l’esplanade des mosquées. Dans le coin supérieur gauche, nous avons une représentation de la forteresse Antonia. Celle-ci est beaucoup trop grosse. Elle correspond à l’idée qu’on s’en faisait il y a quelques décennies. Aujourd’hui on s’entend pour lui donner des proportions à peu près aux deux tiers de celle-ci. Cette forteresse avait été construite par les Romains pour surveiller ce qui se passait sur l’esplanade. En cas d’émeute, on pouvait faire intervenir la garnison qui y était stationnée. Dans le coin supérieur droit, le rectangle noir indique l’emplacement d’une des citernes importantes de la ville : la citerne d’Israël.  Sur le pourtour de l’esplanade les portiques à colonnades, dont le plus imposant se trouvait au Sud : le Stoa impérial. La plus grande partie de l’esplanade était occupée par le parvis des gentils. Tous pouvaient y venir. C’est là que s’installaient les vendeurs d’animaux destinés aux sacrifices. Autour du temple lui-même, une barrière marquait la limite réservée aux croyants.  Il y était écrit explicitement qu’il était interdit aux gentils de traverser cette limite sous peine de mort. 

L’enceinte sacrée était elle-même divisée en plusieurs sections. Une fois franchie la barrière des gentils, on pénétrait dans le parvis des femmes, la cour la plus à l’Est. De ce parvis, on montait quelques marches pour accéder au parvis des hommes et à la cour des prêtres où se trouvait l’autel des sacrifices (l’actuel roché du dôme ?). C’est à partir de cette cour que les prêtres pouvaient finalement entrer dans le temple où seul le Grand-Prêtre pouvait entrer, une fois par année, dans le Saint des Saints. Pour la décoration intérieure, je vous renvoie aux descriptions de 1 R 6-8.

Expulsion des marchants du Temple

Expulsion des marchants du Temple
Andrey N. Mironov, 2012
Huile sur toile, 110 x 160 cm
(Wikipedia)

Jésus au Temple

Il est important d’avoir cette vue d’ensemble de la structuration du temple de Jérusalem pour comprendre les relations qui s’établissaient entre les différentes composantes de la société israélite. Quand le Nazaréen vient chasser les vendeurs du temple, il ne se trouve pas dans le temple lui-même, réservé à la caste sacerdotale. Mais il se trouve sur l’esplanade, au milieu des vendeurs qui exploitent les faiblesses des autres pour s’enrichir. L’ensemble de l’esplanade était considéré comme le temple, même si la bâtisse elle-même n’occupait qu’une petite portion de cette esplanade. Ceci est aussi vrai pour l’époque du premier temple.

Le troisième Temple ?

Vous connaissez sans doute le contentieux qui oppose Juifs et musulmans à propos de cette esplanade. Celle-ci est l’un des trois lieux les plus sacrés de l’Islam (avec la Mecque et Médine). Les mosquées sont le symbole du passage de Mahomet dans el-Quds (la Sainte) et s’élèvent ici depuis plus de treize siècles. Des Juifs radicaux revendiquent la place, prétextant que celle-ci leur appartient puisque le temple de Jérusalem y était construit anciennement. Comment départager ces revendications? Voilà l’un des problèmes les plus difficiles à résoudre. Prier pour que le troisième temple soit construit à la place des mosquées? C’est ce que proposent des groupes extrémistes juifs. Sachons que si une telle éventualité devait se produire, je ne donnerais pas chère de la paix mondiale... Faut-il expulser les musulmans en faisant valoir que d’autres y étaient avant eux. Faut-il redonner New York, Montréal, Boston... aux Amérindiens sous prétexte qu’ils y étaient avant les blancs? Beau sujet de discussion non? Sauf que, dans ce débat, les discussions tournent à la violence et à la mort de centaines de personnes, des deux côtés (mais plus d’un côté que de l’autre). Jérusalem, yerushalayim, ville de la paix. Il y a de ces paradoxes en ce bas monde.

Robert David

Lire aussi :
L’esplanade des mosquées et le mont du Temple

Article précédent :
La Porte dorée, l’accès du Messie?

 

 

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