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Archéologie
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chronique du 12 février 2016

 

Capharnaüm : village de pêcheurs du premier siècle

Capharnaüm

Vestiges de Capharnaüm (photo : Geo)

Les évangiles présentent Capharnaüm comme le centre des activités galiléennes de Jésus et de ses disciples. Les fouilles archéologiques de ce lieu ont donné des résultats forts intéressants. La visite de ce lieu aujourd’hui permet de remonter dans le temps et de parcourir les rues du village de pêcheurs du premier siècle.  

     Les maisons du village sont facilement reconnaissables. Les structures, qui entourent une synagogue datée du Ve-VIe siècle, sont réparties d’un côté ou de l’autre des artères qui divisent le village et qui permettent de passer d’une section du village à une autre. Le plan d’urbanisme est plutôt chaotique, les maisons étant adossées les unes aux autres, mais avec des murs qui ne sont pas nécessairement perpendiculaires. Ce n’est pas pour rien que l’expression « c’est un vrai capharnaüm » signifie que tout en désordre.

Des maisons modestes

(photos : Sébastien Doane)

Des maisons modestes

     Les maisons sont blotties les unes contre les autres. Chacune possède une sorte de cour centrale et des pièces latérales. Des ouvertures aménagées dans certaines pièces permettent de passer d’une maison à l’autre avant d’accéder à la rue par cinq ouvertures dans le mur extérieur. On voit, juste en face de nous sur la photo, le restant d’une ouverture qui servait de porte menant à une pièce mince et longue. On devine une autre ouverture un peu à droite de celle-ci, en revenant vers nous. Elle est moins facile à voir, car elle se présente de côté. Mais on voit bien que le mur, perpendiculaire à nous, s’arrête abruptement, et que des pierres forment un seuil ouvrant sur une pièce passablement éclairée par le soleil.

     Dans la grande pièce juste en face de nous, nous pouvons voir les restes de petites colonnes rondes qui ont pu servir de socles à des poteaux de bois qui supportaient un toit. Nous voyons aussi dans une autre maison à droite, cinq piliers de basalte qui supportaient également un toit.

     Les murs de toutes les maisons sont faits d’un arrangement de pierres de basalte placées les unes sur les autres, sans mortier. Les planchers sont faits du même matériau. On peut penser que chacune des maisons, avec sa cour centrale, possédait un espace à ciel ouvert qui offrait de la lumière, celle-ci pénétrant dans la maison grâce à de petites fenêtres aménagées dans quelques murs. Le fait d’utiliser le basalte dans la construction des maisons donne au village un air sombre et lugubre.

     Les maisons sont modestes, témoignant du niveau de vie également modeste des habitants du village, pêcheurs, agriculteurs et petits commerçants. À noter que cette région du pays possède un climat plutôt clément. Les gens passaient la majeure partie de leur temps dehors, la maison servant essentiellement à prendre les repas et à dormir. On ne sentait donc pas le besoin de procéder à de grands aménagements qui n’auraient pas servi à grand-chose. On calcule que ce complexe pouvait abriter une quinzaine de familles, soit environ une centaine de personnes.

Fenêtres de basalte

Des fenêtres aux maisons

     On devine ici le côté sobre et sombre des constructions de Capharnaüm. Les petites fenêtres de basalte donnent sur une cour extérieure faite de galets de basalte. Je me souviens d’une visite effectuée sur le site avec le fouilleur principal, le Père Corbo, qui nous invitait à relire Lc 8,16, la parabole de la lampe que l’on met bien en vue pour que tous puissent bien voir dans la maison. Dans des maisons aussi sombres, la parabole prenait tout son sens. De même pour la parabole de la drachme perdue (Lc 15,8-9). Quand on considère le type de plancher de ces maisons, on n’a pas de peine à imaginer que l’on puisse y perdre une pièce de monnaie tombée par terre.

Meule et pressoir

Meule et pressoir

     L’on s’entend généralement pour dire que des pêcheurs vivaient à Capharnaüm. La découverte de quelques artéfacts permet de penser qu’un certain nombre de personnes s’adonnaient aussi à des activités liées à l’agriculture. La chose n’est pas vraiment étonnante si l’on observe les environs du village où s’étendent quelques bonnes plaines aptes à recevoir cultures et plantations.

     La meule présentée ici est de dimension importante. Elle est composée de deux parties taillées dans le basalte. La cuve, dans laquelle on déposait le grain à moudre, était percée au centre d’un orifice conçu pour recevoir une perche verticale. Celle-ci servait de pivot alors que s’y soudait une poutre horizontale qui passait au travers de la meule et venait l’y rejoindre. À l’autre extrémité de la poutre horizontale, on attachait un animal, âne ou bœuf, qui tournait autour de l’axe central, faisant ainsi avancer la meule dans la tranchée aménagée dans la cuve. Le poids de la meule accomplissait le reste du travail. C’est quand on voit la grosseur d’une telle meule que l’on comprend la phrase de l’évangile (Mt 18,6) qui invite à attacher une meule au cou d’une personne par qui le scandale des petits arrive.

     À droite de la meule, par terre, on voit une plaque de basalte ronde, entourée d’une rigole, devant laquelle s’ouvre un orifice carré. Il s’agit ici d’un pressoir à olives (Mt 21,33). La technique était simple. On cueillait les olives sur les coteaux de la région, on les plaçait dans des paniers que l’on empilait ensuite les uns sur les autres. On plaçait au-dessus des paniers des pesées qui écrasaient les olives. On en extrayait alors l’huile précieuse. Celle-ci s’écoulait dans la petite rigole creusée tout autour de la plaque, et s’égouttait finalement dans des récipients par l’ouverture pratiquée devant le pressoir. Ce type de pressoir pouvait aussi servir à ramasser le jus de raisins pour faire du vin.

     Les deux objets n’ont pas été trouvés exactement où ils sont maintenant. Ils témoignent tout de même de ces activités agricoles dans la région et complètent une partie du portrait de la vie quotidienne à Capharnaüm.

Robert David

Article précédent :
L’Hérodium, le palais-forteresse de Bethléem

 

 

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