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Archéologie
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chronique du 17 octobre 2014
 

Ce qu’il reste du chêne de Mambré

La trinité de Roublev

Andrei Roublev
Détrempe, 1411 ou 1425-27
142 × 114 cm
Galerie Tretyakov, Moscou

Qui n’a pas entendu parler du chêne de Mambré? Et qui n’a jamais vu la fameuse icône de Roublev (XVe siècle)? Historiquement parlant, Mambré n’est pas un lieu très important. La tradition l’a retenu parce qu’Abraham y aurait résidé, et parce que Gn 18 raconte le fameux épisode de la visite de trois personnages. Autrement, rien. Le chêne de Mambré n’existe plus, bien sûr. Les lieux sont maintenant abandonnés, comme si le sort qui attendait Sodome et Gomorrhe s’était aussi abattu sur les lieux. Et maintenant, il n’y a plus d’Abraham pour négocier avec Dieu...

puits d'Abraham

Le puits d’Abraham

Le puits d’Abraham

     À peu près plus personne ne vient à l’enceinte du chêne de Mambré.  C’est la raison pour laquelle la place a l’air à l’abandon. Dans le coin Sud-Ouest se trouve un puits que la tradition associe à Abraham. Une légende veut que ce soit Abraham lui-même qui l’ait creusé de ses mains nues (c’est une légende !). En fait, ce puits, d’une profondeur de 5 mètres, est en partie creusé dans le roc (la base) et en partie construit de belles pierres taillées (le haut). On ne connaît pas la période au cours de laquelle il fut creusé. On sait cependant qu’il est toujours actif puisqu’il y a continuellement de l’eau dedans. Il y a de fortes chances pour que la partie inférieure soit très ancienne, et la partie supérieure plus récente.

plan de l'enceinte

Le plan de l’enceinte de Mambré

     Le plan permet de voir comment s’organisait l’enceinte qui gardait l’accès à la partie « sacrée » de Mambré. Les fouilles archéologiques menées en 1926-28 par une équipe allemande, et celles de 1984-86 par une équipe israélienne, ont permis d’identifier divers secteurs.

     Comme on peut le remarquer, nous n’avons pas affaire à un rectangle exact. En fouillant le long des murs, les archéologues ont découvert un certain nombre de pierres taillées du même genre que celles visibles au Haram el-Khalil à Hébron. De belles pierres en bossage et refend, bien agencées les unes contre les autres. Ceci fait dire aux chercheurs que l’enceinte délimitée par ces murs doit dater de l’époque hérodienne. 

     Qu’y avait-il à l’intérieur de cette enceinte? Sans doute rien d’autre qu’un autel qui, sur le plan, est représenté par une petite ligne noire épaisse, presque au centre du rectangle. On pense que ce serait le reste de l’autel utilisé pour les rites païens (?). À sa droite (Sud), un dallage, peut-être hérodien (?) qui rejoint le puits situé dans le coin Sud-Ouest (carré avec rond au bas à droite). Ce dernier était peut-être en opération à l’époque hérodienne puisqu’il est intégré au complexe, et qu’il n’y avait aucune raison de le creuser là après que l’enceinte fut construite.

Narthex de l'église

     C’est dans la portion Est de l’enceinte que la belle-mère de Constantin fit construire l’église. Un long narthex traversait tout le rectangle du Nord au Sud. À l’Est du narthex on avait érigé une église avec nef centrale terminée par une abside et, de chaque côté, des nefs latérales. Il ne reste pratiquement que les fondations de cette église, au point où l’on n’a même pas retrouvé les seuils des portes du narthex et de l’église elle-même.

     Ce qui étonne ici, dans la distribution des espaces, c’est la place laissée à la cour ouverte.  Vous noterez que l’église est toute ramassée à l’Est de l’autel païen, donnant l’impression qu’elle est écrasée dans cette portion Est. Pourquoi les constructeurs constantiniens n’ont-ils pas profité de la grande cour pour ériger une église qui se serait étirée plus en longueur? Il est plus que probable qu’ils ont dû accepter de faire des compromis avec les gens qui se servaient encore de l’autel « païen ». On peut penser que cet autel était encore et toujours en service au moment où l’on a construit l’église.

     C’est ce qui reste de Mambré du point de vue matériel. Pour le côté spirituel, c’est une autre histoire.

Robert David

Article précédent :
Les murailles de Jéricho : vérité historique ou théologique?

 

 

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