chronique du 11 février 2005
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Le temple de
la « grande dame » En 1996, des archéologues israéliens sont ravis de découvrir, à Eqrôn, un grand bâtiment qui ne saurait être qu'un temple philistin, le premier retrouvé à ce jour (fig. 1). Les Philistins sont originaires de régions de la Grèce. Après leur échec à conquérir l'Égypte, vers 1175 av. J.-C., certains d'entre eux s'établissent dans cinq villes bien connues du sud de la Palestine : Gaza, Ascalon, Ashdod, sur la côte même de la mer Méditerranée, puis Gath et Eqrôn, à une dizaine de kilomètres de cette côte. Une mosaïque de pièces Le temple occupe une surface de 57 x 38 m. Une porte d'entrée imposante (A) donne sur une cour entourée d'une colonnade (B). Sur la gauche, on observe une salle centrale (C) dont le plafond repose sur deux rangées de quatre colonnes. La porte de cette salle est flanquée de grands bassins en pierre sans doute destinés à des rites de purification. Au fond, le sol, surélevé, constitue une sorte de podium. Dans le coin droit, indiquée par une flèche, git une pierre taillée, couverte d'une inscription (fig. 2). Sur trois des côtés de cette salle (C), de minuscules pièces renfermaient de magnifiques objets en ivoire, en or, en bronze, dont des statuettes de divinités. Juste à gauche de l'entrée, une autre salle, exiguë, est occupée presque en entier par un podium (D) précédé d'un escalier. Que nous soyons en présence d'un temple, l'inscription le prouve à l'évidence avec cette bénédiction parfaitement lisible : « Le temple qu'a bâti Akish, fils de Padi, fils de Yesed, fils d'Ada, fils de Yair, prince d'Eqrôn, pour Potnia sa dame. Puisse-t-elle le bénir et le protéger, prolonger ses jours et bénir son pays. » L'écriture ressemble à celle de Juda, au VIIe siècle av. J.-C. De telles formules de bénédictions sont bien connues dans l'Ancien Testament. S'agirait-il donc d'un texte judéen? En langue « philistine » Rappelons que nous sommes sur le site d'Eqrôn, bien identifié aujourd'hui. Un certain Akisha a bâti cette ville. Le roi de Gath, ville philistine voisine d'Eqrôn au temps de David, portait aussi ce nom (1 S 21,11-16). Nul doute que le nom originel était Akaïos, soit Achéen, donc grec! Les Philistins étaient en effet des Grecs. Cet Akish, et son père Padi, nous est connu dans des inscriptions de rois assyriens du VIIe siècle av. J.-C. Ils étaient rois de la ville d'Eqrôn dont la région est encore reconnue comme « pays des Philistins »! Les noms des autres ancêtres d'Akish, étrangers à la culture judéenne, doivent donc être aussi Philistins. Le temple est dédié à une déesse au nom évocateur : Potnia. Dans le monde de Syrie-Palestine, aucune déesse ne porte ce nom absent des langues de la région. Par ailleurs, dans le monde d'origine des Philistins, la Grèce, le vocable Potnia constitue un surnom donné à plusieurs déesses vénérées avec une attention particulière. Il signifie tout simplement « maîtresse divine », « grande dame ». Ces quelques observations permettent de conclure que les Philistins, arrivés à Eqrôn au XIIe siècle av. J.-C., y sont encore au VIIe. On le savait par des textes; l'archéologie le confirme. Cependant la langue philistine est à peu près disparue dans l'hébreu ici utilisé, sauf que cet hébreu est quelque peu fautif. De plus, cette région philistine s'était libérée depuis deux siècles au moins du joug des rois de Jérusalem. Les noms de la dynastie d'Akish l'attestent. Le local D (fig. 1) est-il une salle de trône comme le prétendent les archéologues? J'en doute fort. Elle est trop petite, et jamais on n'en a trouvé dans des temples. Pour moi, c'est peut-être le trône d'un autre dieu, pourquoi pas le mari de la « grande dame »? Guy Couturier, CSC Source : Parabole xxvi/5 (2004). Retour d'un assassin
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