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La circoncision
Depuis des millénaires, la circoncision des enfants
mâles (et l'observance du sabbat) distingue les sociétés
juives, partout dans le monde. L'archéologie peut nous éclairer
sur l'origine et le sens de cette pratique.
Bas-relief égyptien
Un bas-relief d'une tombe égyptienne,
daté d'à peu près 2300 av. J.-C., nous présente
en « bande dessinée » (!) une scène
de circoncision (figure). Les deux jeunes à circoncire sont des
adolescents. Les circonciseurs, de simples Égyptiens et non des
prêtres, utilisent des couteaux de silex (pierre), alors que les
couteaux de métal étaient connus depuis plus d'un millénaire!
C'est là un signe de l'antiquité du rite.
On le voit bien, le premier garçon
est très effrayé puisqu'un compagnon le retient fermement.
« Tiens-le bien, ne le laisse pas s'évanouir »,
dit le circonciseur. Et le compagnon de répondre : « À
ton bon plaisir! ». Le second jeune, plus brave, dit avec courage :
« Enlève tout ce qu'il y a là! ». On
ne peut donc douter ni de l'ancienneté du rite ni de son sens,
soit l'initiation d'un jeune garçon à la vie d'adulte. Cependant,
l'examen de momies (cadavres desséchés) révèle
que la circoncision est loin d'être généralisée.
Un signe dans
la chair
Qu'en est-il en Israël? L'ancienneté
du rite demeure la même, puisqu'on utilise un couteau de silex pour
l'opération (Exode
4,25; Josué
5,2). Toutefois, de temps immémorial (Genèse
17,12; Lévitique
12,3), c'est le huitième jour après la naissance qu'on
la pratique, ce qui lui donne un sens particulier.
Après le déluge, l'arc-en-ciel
annonce que Dieu épargnera désormais la terre; il est le
signe d'une alliance que Dieu maintiendra à jamais (Genèse
9,12-17). De même, la circoncision est un signe concret dans
la chair de l'Israélite d'une alliance entre lui et son Dieu. Elle
fait du circoncis un membre à part entière du peuple de
l'alliance plutôt que d'une collectivité civile ou sociale.
C'est là l'unique sens de ce rite.
La circoncision n'est pas le fait des seuls
Israélites. Leurs voisins immédiats la pratiquent (Jérémie
9,24-25). Par contre, le rite serait inconnu des Babyloniens et des
Assyriens selon Ézéchiel, exilé en Mésopotamie
(32,21-30).
Des peuplades dites « primitives »,
anciennes et actuelles, la pratiquent en Australie, en Afrique et même
en notre Amérique. Somme toute, malgré les apparences, la
circoncision déborde largement l'Israël ancien et moderne.
Là où la circoncision est connue, dans l'Antiquité
comme de nos jours, son sens demeure le même, soit un rite d'initiation
qui intègre un jeune adolescent dans le clan et le rend apte à
contracter mariage.
L'Ancien Testament nous fournit des indices
sérieux de ce sens originel. L'un a trait au fils d'Abraham, présenté
comme l'ancêtre des Arabes. Ismaël a treize ans quand son père
le circoncit (Genèse
17,25). Chez les Arabes, la pratique de la circoncision est très
ancienne. Elle est antérieure au prophète Mahomet, et c'est
à cet âge de treize ans que les jeunes garçons doivent
s'y soumettre, même si le Coran ne le mentionne pas!
Bien avant Paul (Romains
2,25-29), Jérémie (4,4)
se distancie d'une conception trop légaliste de ce rite séculaire :
c'est par la circoncision du coeur qu'on est membre du vrai peuple de
Dieu. Ainsi tout homme et toute femme, à travers siècles
et contrées, peuvent se réclamer de cette alliance.
Source : Parabole xxv/4 (2004).
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