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Archéologie
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LES PHILISTINS (7/7)

 

La langue des Philistins

La langue des Philistins est certainement apparentée à celles qu'on parlait en Grèce et à l'ouest de l'Asie Mineure, et qui ont fini par se fondre dans la très belle langue grecque. Des noms propres et quelques termes étrangers, c'est tout ce que nous avions comme témoins possibles de cette langue, cela grâce à l'Ancien Testament jusqu'à une date plutôt récente. Les Philistins font partie des Peuples de la Mer. Les noms de ces peuples se rapprochent de ceux des tribus du monde égéen formé de la Grèce, des îles et de la côte ouest de l'Asie Mineure (Turquie...). L'observation s'applique à deux noms propres de Philistins: Akish et Goliat.

Des mots

     David, poursuivi par Saül, se réfugie dans une ville philistine, chez un certain Akish (1 S 27,2), un roi dont le nom est étranger aux langues sémitiques parlées en Syrie-Palestine. Depuis longtemps déjà la majorité des savants croient qu'il correspond au nom grec Aychisès (Anchise), un prince troyen, père d'Énée, et figure marginale de l'Iliade d'Homère (II,819). Le père d'Akish s'appelle Maok, un nom lydien, la Lydie étant une province située au sud de Troie.

     Quant à Goliat, il est le Philistin le plus connu de notre « histoire sainte », pour avoir été abattu d'une pierre au front par le jeune pâtre David (1 S 17). Son nom est aussi étranger au monde des langues sémitiques, ce qui a piqué la curiosité des linguistes. Parmi les hypothèses proposées, nous retenons la possibilité que « Goliat » corresponde à Alyattès, nom bien attesté en Lydie, comme celui de Maok. Chose certaine, l'Asie Mineure reste le foyer principal de ces noms propres. La description de l'armure de Goliat - casque, cuirasse, jambières, javelot, lance - (1 S 17,5-7) vient renforcer cette hypothèse. Le vocabulaire comme les pièces se rattachent à la même zone géographique étendue à la Grèce ancienne.

     Autre sujet d'étonnement: on donne aux chefs des villes philistines le titre de sérèn (sing.) ou seranim (plur., voir 1 S 5,8; 6,4.16) alors que roi se dit mélèk en hébreu. Cette fois, aucun doute possible: il s'agit ici de la transcription en hébreu du mot tyrannos (tyran), - terme grec bien connu pour désigner un chef qui exerce le pouvoir d'une manière absolue,- dont l'origine est aussi d'Asie Mineure!

Quatre tablettes

tablette

Figure 1 : Tablette de Tell Deir'Alla

     Ces quelques indices d'ordre linguistique ne manquent certes pas d'intérêt; mais n'aurions-nous pas aussi des textes philistins qui seraient beaucoup plus éloquents dans ce genre d'étude? Hélas, nous attendons toujours une telle découverte, à moins qu'elle n'ait été déjà faite en 1964, sur un site dans la vallée du Jourdain, à Tell Deir'Alla. En effet, dans un niveau de destruction aux environs de 1200 av. J.-C., on trouva quatre tablettes en terre cuite inscrites d'une écriture inconnue en Syrie-Palestine (fig. 1).

écriture minoenne

Figure 2 : Écriture minoenne

     Peut-on les lire? On le voudrait bien! L'écriture la plus proche de celle de nos tablettes reste l'écriture minoenne (Crète, 1XVe-XIIIe siècles av. J.-C.), qui présente deux formes assez semblables (fig. 2: « linéaire A » et « linéaire B »). Même un oeil non exercé peut reconnaître leur similitude. Cependant une grande déception attend le lecteur: on n'a pas encore déchiffré le linéaire A, et on hésite encore sur certaines lectures du linéaire B! Futurs savants, à vos tables de travail!

     Certains objectent que ces tablettes sont dans un niveau archéologique antérieur (vers 1200) à la présence philistine sur la côte de Palestine. Nous ne sommes pas impressionné par un tel argument, puisque les Philistins ont connu une migration avant le XIIIe siècle, et que l'une des routes suivies passait précisément par la vallée du Jourdain!

Guy Couturier, CSC

Source: Parabole XVIX/2 (1996) 16.

 

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Chorozaïne, jumelle maudite!

 

 

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