(Illiya Vjestica / Unsplash)
Une relecture de vie à partir du Psaume 103 (102)
Hélène Pinard et Hélène Boudreau | 11 décbre 2023
En apprenant le Psaume 103 (102) en récitatif biblique [1] lors d’un ressourcement d’été, des éléments de compréhension et d’intégration ont renouvelé l’approche de ce psaume déjà maintes fois commenté. En le reprenant par bouchées, des découvertes nous attendent.
Un Psaume qui invite à relire sa vie sous forme de bénédictions
« Bénis le Seigneur, mon âme
Que tout en moi bénisse son saint nom! (v. 1)
[…] N’oublie aucun de ses bienfaits! » (v. 2)
Nous sommes invités à nous rappeler ses nombreux bienfaits, à les goûter, à nous en imprégner. Quelle joie de nous tourner vers le Seigneur pour reconnaître son action incessante dans nos vies! Tout notre être en est renouvelé.
Peu importe notre vécu, Dieu sera toujours là pour nous. Les versets 3 à 6 rappellent toutes ces merveilles qu’il accomplit : il pardonne, il guérit, il ramène à la vie, il entoure de bonté et de compassion, il renouvelle ma jeunesse. Il agit avec justice et aux opprimés il fait droit.
Le but n’est pas d’établir une chronologie des événements de notre vie, mais plutôt de diriger notre regard à l’intérieur de nous. Nous relisons les moments où, émotionnellement et spirituellement, nous avons évolué… et nous y reconnaissons l’agir de Dieu. Une telle démarche permet de bénir le Seigneur qui remet constamment debout ses enfants bien-aimés qui se tournent vers lui.
Un Dieu à la fois si proche et si différent
« Compatissant et riche en grâce, le Seigneur,
Lentes ses colères, large sa bonté.
Pas de procès perpétuels, ni de rancune pour toujours.
Il n’agit pas selon le mal que nous avons commis,
il ne rétribue jamais selon nos fautes. » (vv. 8-10)
C'est par l’expérience de sa miséricorde et de son amour que nous reconnaissons que Dieu se fait proche. Dans cette relation, nous pouvons nous reconnaître pécheur, faible, vulnérable. Car peu importe nos fautes, le mal que nous avons commis, nos révoltes : nous pouvons expérimenter une libération surprenante et nous en émerveiller. En effet, l’amour de Dieu dépasse tout ce qu’on peut imaginer.
« Oui, aussi haut que le ciel au-dessus de la terre,
sa bonté dépasse ceux qui le craignent.
Comme le lever est loin du coucher du soleil,
nos révoltes, il éloigne loin de nous. » (vv. 11-12)
Un Dieu qui nous connaît mieux que nous-mêmes
« Oui, il sait lui, de quoi nous sommes formés :
il se souvient que nous sommes poussière.
L’être humain, ses jours sont comme l’herbe.
Il fleurit comme la fleur des champs
Le vent passe sur lui, il n’est plus…
Mais la bonté du Seigneur est de toute éternité
envers ceux qui le craignent. » (vv. 14-17)
Envisager la finitude de la vie n’est pas chose facile. Des choix s’imposent. Nous avons parfois du mal à connaître, à reconnaître, à accepter nos limites personnelles. Nos rêves sont bien plus grands que nos possibilités.
Mais la finitude n’est pas un drame quand la confiance en Dieu prend place dans le cœur humain. Le psaume rappelle l’éternité de la bonté du Seigneur. C’est la hesed (en hébreu) que l’on peut traduire par amour, bonté, bienveillance, compassion.
Avoir confiance en Dieu est une autre façon de comprendre ce qu’est « la crainte de Dieu. » (vv. 11.13.17)
Une histoire humaine individuelle et collective
Marie-Noëlle Thabut, bibliste reconnue, rappelle souvent que le JE des psaumes concerne le peuple d’Israël. Le psalmiste fait mémoire non pas seulement de sa propre histoire d’alliance avec Dieu mais aussi de celle de son peuple.
« À Moïse, il fait connaître ses chemins et aux fils d'Israël ses actions. » (v. 7)
Ce verset surprend, dérange si on lit le psaume comme s’adressant à un individu. Mais il prend tout son sens quand on y découvre l’histoire d’alliance du peuple avec Dieu.
« Bénissez le Seigneur, vous ses messagers, […] toutes ses armées, [...] toutes ses œuvres… » (vv. 20-22)
C’est le peuple d'Israël qui bénit le Seigneur, reconnaît ses bienfaits et confesse ses fautes. C’est aussi en Église que nous pouvons louer Dieu, reconnaître ce qu’il fait pour nous, demander la grâce du pardon et la guérison intérieure. Nous avons confiance que, même dans la mort, la bonté du Seigneur se manifeste de générations en générations. Et aujourd’hui, nous croyons que nous jouirons de la Vie éternelle.
Conclusion
En relisant, en répétant, en s’exhortant à reprendre cette hymne de bénédictions, jour après jour, la vie du priant prend une couleur de liberté, de paix intérieure.
« En s’exhortant. » C’est l'interpellation de bénis le Seigneur mon âme répété trois fois dans le psaume : aux versets 1.2.22. L’exhortation peut s’adresser à soi-même ou à la collectivité.
La confiance en Dieu grandit, la gratitude s’installe progressivement. Les conséquences de la finitude, des turbulences, des contrariétés petites ou grandes s’atténuent pour laisser place à la compassion et à la présence aimante du Seigneur dans nos cœurs.
Hélène Pinard, FCSCJ, est bibliste et transmetteure de l’Association canadienne du récitatif biblique. Hélène Boudreau est aussi transmetteure de l’Association.
[1] La traduction du Psaume pour le Récitatif biblique est de Hélène Pinard, bibliste. 2023