(Daniel Reche / Pixabay)
Qu’il y ait bénédiction en toi!
Hélène Pinard et Hélène Boudreau | 9 septembre 2023
Le Psaume 102 (103) est un des plus beaux dans la Bible. Dans ce psaume, c’est tout l’être – l’âme – qui se stimule, s’invite à bénir le Seigneur pour son action tout au cours de sa vie personnelle, mais aussi pour toute l’histoire, de sa famille, de son milieu de vie, de son « peuple ». Cet élan de la personne dans son entièreté oriente le regard vers son Seigneur, vers une contemplation de tout ce qu’Il a réalisé dans sa vie. Voilà l’expérience vécue par les membres de l’Association canadienne du récitatif biblique (ACRB) qui ont participé au ressourcement d’été 2023.
La bénédiction ascendante s’adresse à Dieu en reconnaissant ses qualités, qui il est (louange). La bénédiction descendante reconnaît les actions de Dieu dans la vie du priant ou du peuple (action de grâces).
Bénédiction ascendante
Bénis le Seigneur mon âme, que tout en moi bénisse son saint nom.
Bénis le Seigneur mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits. (vv. 1-2)
Aux versets 1 et 2, dans le geste d’ouverture progressive des mains qui partent du cœur vers le haut, c’est tout le désir d’être le plus possible présent à Dieu qui se manifeste.
Le psaume invite à bénir Dieu pour qui il est : pardon, guérison, bonté, compassion… (voir vv. 3-4). Il invite à bénir individuellement et en groupe : bénissez le Seigneur vous ses messagers… toutes ses armées… toutes ses œuvres (vv. 20 à 22).
Quelle libération, quelle guérison cela produit dans une vie! Tourner son regard vers l’Autre, s’oublier un instant pour exprimer sa gratitude envers Dieu, relativise les préoccupations du quotidien.
Bénédiction descendante
Bien sûr, le psalmiste bénit aussi Dieu pour toutes les actions en faveur de son peuple :
À Moïse, il fait connaître ses chemins, et aux fils (et filles) d’Israël ses actions (v. 7).
C’est le rappel de l’action de Dieu dans le peuple qui est racontée en filigrane par la mention de Moïse Le priant se souvient de bénir Dieu pour ses interventions dans l’histoire d’Israël : la sortie d’Égypte, la loi au Sinaï ; et aussi ses actions pour les fils d’Israël : la conquête de la terre promise, le retour à Jérusalem après l’Exil à Babylone… C’est toute cette histoire que le psalmiste invite à célébrer en bénissant le Seigneur. Belle occasion pour prendre un temps de relecture personnelle afin de découvrir les traces de Dieu dans notre vie !
Car tu arrives de loin
Les versets 3 à 6 disent ce que le Seigneur a pu faire pour la récitante : pardon des offenses, guérison de maladies, rachat de la fosse à la vie, plénitude de biens, renouvellement de l’élan de la jeunesse.
Quand le Seigneur nous tire de la fosse, c’est que la situation était désespérée. Il nous ramène alors intérieurement à un désir de vivre, il nous comble de ses grâces : il « m’entoure de bonté et de compassion », il « comble de biens tes années », il « renouvelle ma jeunesse ».
Les gestes des versets 3 à 6 rappellent l’agir de Dieu. De très haut, il descend jusqu’à très bas pour nous ramener au centre, au cœur de nos vies. Là nous pouvons reprendre des forces et aller vers l’avant. Les gestes qui terminent les versets 5 et 6 expriment bien cette libération qui permet d’avancer en toute dignité.
Dieu compatissant et bon
Nous touchons nos limites humaines dans les erreurs, les blessures, les situations injustes que nous rencontrons. Aux versets 9 à 12, toute la gamme du mal est évoquée. Comment imaginer qu’on puisse demeurer dans une relation malgré des offenses répétées ?
Et pourtant, Dieu nous offre son pardon, peu importe la nature ou la gravité de nos fautes. Dans les gestes du récitatif, les mains fermées s’ouvrent, le corps affaissé se redresse, les poings avancés s’écartent tout doucement pour laisser place à la relation. Sa bonté dépasse tout entendement humain.
« Oui, aussi haut que le ciel au-dessus de la terre, sa bonté... » (v. 11)
En gestuant, on peut ressentir cette distance. La récitante peut y goûter tout l’amour de Dieu.
Dieu de bonté pour toujours
Le psaume nous rappelle notre finitude. Aux versets 14 à 16, l’être humain y est décrit comme étant fragile, mortel.
« Ses jours sont comme l’herbe... le vent passe sur lui, il n’est plus. »
Mais même dans notre mort, Dieu se souvient :
« Mais la bonté du Seigneur est de toute éternité. »
Dieu demeure en alliance pour toujours avec ce peuple, dont je fais partie. Il ne m’oublie pas… il me ressuscite, me ramène à la vie pour l’Éternité. Le geste du récitatif nous fait sentir au-delà du bout de nos doigts que la vie continue.
De la finitude à la bénédiction
Les derniers versets (20-22) du psaume sont consacrés à des bénédictions ascendantes auxquelles sont conviés les messagers du Seigneur, ses armées, ses œuvres. Ce regroupement ouvre différentes perspectives dans la contemplation de l'œuvre de Dieu en nous et dans nos relations avec les autres.
Ce psaume nous invite à relire notre histoire de vie pour y découvrir comment des situations difficiles sont devenues, grâce à l’action de Dieu, sources d’évolution, de bénédiction.
Bénis le Seigneur, mon âme. (v. 22c)
Hélène Pinard, FCSCJ, est bibliste et transmetteure de l’Association canadienne du récitatif biblique. Hélène Boudreau est aussi transmetteure de l’Association.