Jésus chez Marthe et Marie. Henryk Siemiradzki. Huile sur toile, 1886 (Wikipedia).
La meilleure part ne lui sera pas enlevée…
Francine Vincent | 18 décembre 2017
Lire : Luc 10, 38-42
Le récitatif biblique est arrivé dans ma vie par surprise. Des jeunes du primaire, dont mes deux filles, devaient réciter « l’appel aux bergers » dans la nuit de Noël. Ce récitatif biblique m’a été transmis de manière à ce que je puisse le transmettre à mon tour aux enfants.
« … et l’ange du Seigneur se tint au milieu d’eux
et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux… » (Lc 2,9)
Ce fut un beau moment de vie vécu avec les enfants. À ce moment, je croyais que le récitatif biblique était fait pour les enfants. Mais la Parole était entrée dans mon corps et dans mon cœur pour y rester. Quelques mois plus tard, comme il en avait été pour les bergers, je fus à mon tour interpelée pour aller à la rencontre du Seigneur et annoncer à ma communauté chrétienne sa Bonne Nouvelle, en tant qu’agente de pastorale.
Le récitatif biblique est réapparu dans ma vie quelques années plus tard. Lors d’une session à l’Université Saint-Paul intitulée Conter la Bible, nous avions appris, entre autres, le récitatif biblique de Marthe et Marie, « Comme ils faisaient route… » (Lc 10,38-42). Comme ces femmes, nous sommes appelés, les uns et les autres, à accueillir le don de Dieu, à écouter l’évangile, à choisir la bonne part, non pas pour nous la réserver, mais pour la partager avec tous. Cette Parole m’a fait réaliser que c’est toujours Dieu qui nous comble et non l’inverse. La meilleure part, c’est de l’accueillir dans notre vie et de le laisser agir.
L’année suivante, j’ai transmis le récitatif de Marthe et Marie à trois reprises, à des groupes de 50 étudiants, dans le cadre du cours « Langages et communications en catéchèse » à l’Université de Montréal. Une étudiante le récitait régulièrement à la maison, en faisant la vaisselle, en préparant le repas, pour sa prière du soir, etc. Elle récitait régulièrement le passage : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir toute seule? Dis-lui donc de m’aider! ». Elle n’avait pas pris conscience que ses enfants, jouant près d’elle, assimilaient le récitatif juste à l’écouter en faire l’apprentissage. Un jour, à sa grande surprise, elle se fit interpeler par son fils dont la sœur ne voulait pas l’aider à faire le ménage. Celui-ci lui dit tout de go : « Maman, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir tout seul? Dis-lui donc de m’aider! » Une fois de plus, la Parole avait fait son chemin en s’infiltrant tout doucement dans le cœur d’un enfant, même si le sens n’y était pas encore très juste.
La Parole de Dieu continue toujours d’habiter ma vie. Le récitatif biblique est une forme qui m’aide à l’intégrer, à la chanter, à la faire vibrer dans toutes les fibres de mon être. « Car elle est vivante la Parole de Dieu et efficace! » (He 4,12)
Noël dernier, mes filles qui avaient alors 35 et 32 ans ont récité l’appel aux bergers, … et des bergers étaient dans la même contrée… sans oublier un seul geste, une seule parole. Vingt-cinq ans plus tard, cette parole est toujours gravée dans leur corps… en espérant qu’elle le soit aussi dans leur cœur.
Francine Vincent est membre de l’Association canadienne du récitatif biblique.