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Récitatif biblique

 

récitatif
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chronique du 17 février 2012

 

L’expression par le corps, révélatrice de notre vie intérieure

En récitatif biblique, l’expression par le corps est essentielle. Et au sujet de la gestuelle, des observateurs font souvent des réflexions comme celles-ci : « Je trouve cela tellement beau mais je ne serais jamais capable de faire des gestes. » « C’est bien trop gênant de faire des gestes. » « J’aime chanter mais pour ce qui est des gestes, je ne suis pas à l’aise. » Ou bien plus clairement encore : « Je ne suis pas assez à l’aise avec mon corps pour apprendre des récitatifs bibliques. »

     Il faut dire que dans notre culture rituelle, les gestes sont réduits à leur plus simple expression. Nos sacrements permettent certains gestes souvent non déployés. L’imposition des mains, par exemple, se donne le plus souvent au-dessus de la tête sans que les mains ne touchent celle-ci. Alors que ce geste en est un d’enveloppement de la personne par contact direct. C’est ce que faisait Jésus le Christ : il touchait réellement les personnes et cette proximité physique touchait jusqu’au fond des cœurs, permettant souvent la guérison.

     En récitatif, le geste est très important. Il n’est pas fait pour sa seule beauté ou sa seule harmonie avec la Parole. Il appuie fortement celle-ci en complétant le sens des mots prononcés. Mais le geste ne contribue pas seulement au déploiement du sens des mots. Il agit aussi dans notre être profond en permettant la révélation de ce qui nous est même caché. Voici deux exemples :

     1. Dans l’apprentissage de la parabole du trésor et de la perle, il est dit : L’homme qui a trouvé le trésor s’en va vendre tout ce qu’il a et achète le champ où est caché le trésor. Le geste d’acheter se fait en plaçant une main sur une hanche comme pour faire une poche contenant de l’argent. Avec la main libre, on va puiser dans cette poche. Voici donc qu’une femme apprenant ce passage se révèle incapable de faire le geste de puiser dans cette poche. À chaque fois elle bloque sur « il achète ce champ. » L’animatrice se place du même côté qu’elle et refait le geste avec elle. Ça va. On reprend le passage, ça ne va plus. L’animatrice s’approche derrière elle et place les mains de la femme pour qu’elle aille chercher l’argent. Ça va. Répétition en groupe. Ça ne va plus. Après plusieurs tentatives, l’animatrice demande : « Dis-moi, comment ça va avec l’argent? » La femme s’exclame : « Eh ben ! Je suis toujours dans le rouge! » L’animatrice l’invite donc à ne pas forcer le geste et à laisser monter ce qui se passe en elle.

     2.  Dans le passage de la tempête apaisée Jésus dit à ses disciples : Passons sur l’autre rive du lac et ils gagnèrent le large. Le geste de passer sur l’autre rive suppose qu’une main s’étend et que l’autre passe au-dessus en faisant comme un détour. Une femme n’arrivait pas à faire ce geste. Elle essaie à plusieurs reprises sans succès. Comme elle pratique le récitatif depuis longtemps, elle s’arrête et réfléchit : Comment ce geste pourrait-il lui révéler quelque chose de sa vie? Elle découvre qu’elle n’aime pas beaucoup les changements majeurs et que passer sur une autre rive c’est quitter une certaine sécurité, adopter de nouvelles habitudes. Elle n’arrive pas à le faire en geste et encore moins réellement passer sur une autre rive de sa vie.

     Le geste peut révéler ce qui est enfoui à l’intérieur de nous. Il n’est pas rare que, bien longtemps après avoir appris un passage biblique, une situation de vie nous ramène un geste appris de même que le passage qui y est associé. Le plus souvent cela nous prend par surprise : « Pourquoi donc ce bout des Écritures remonte-t-il maintenant? Et presque invariablement il nous amène à voir plus clair dans ce qui se passe pour nous à ce moment-là.

     Ceux et celles qui pratiquent le récitatif depuis quelques temps sont habitués à ce genre de « surprises de l’Esprit Saint » comme ils disent souvent. C’est une preuve de plus que les Écritures ne sont pas lettres mortes et choses anciennes mais action bien actuelle de l’Esprit. Voilà l’une des raisons pour lesquelles le geste possède une telle valeur dans le récitatif biblique.

Jocelyne Hudon

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En corps... le récitatif biblique