Initiale D – psaume 53. Psautier de Saint-Alban, vers 1130, Dombibliothek Hildesheim (photo © Hildesheim, St Godehard).
Le Psaume 54 (53) : après la tourmente , respirer à l’aise
Jean Grou | 27 septembre 2021
Lire le psaume (version liturgique)
Le Psaume 54, un des plus courts de la Bible avec seulement 9 versets, peut se diviser en quatre parties : appel à l’aide adressé à Dieu (v. 3-4) ; description de l’épreuve (v. 5) ; expression de confiance en l’intervention divine (v. 6-7) ; engagement à rendre grâce (v. 8-9).
Son ton est plutôt dramatique au départ : c’est le cri de détresse d’une personne qui n’en peut plus d’être menacée de toute part. On en veut même à sa vie. Les deux premiers versets comptent pas moins de quatre impératifs lancés vers Dieu, ce qui confère un sentiment d’urgence aux propos. Le danger qui plane est décrit assez précisément : « Des étrangers se sont levés contre moi, des puissants cherchent ma perte. » Le mot étrangers est sans doute à prendre ici au sens d’« adversaires » plutôt que de gens issus d’autres nations. Ces mots ont sans doute résonné avec plus de force pour Israël à certaines périodes de son histoire, notamment lors des persécutions de l’empereur Antiochos Épiphane IV (167 à 164 avant notre ère).
Le psalmiste ne se complait cependant pas dans son malheur et rapidement, il exprime sa confiance en Dieu qui viendra à son aide (v. 6). Il désire même voir celui-ci appliquer la loi du talion (« Que le mal retombe sur ceux qui me guettent », v. 7) et carrément détruire ceux qui le menacent. Ce genre de souhait apparaît assez souvent dans les psaumes qui ne cherchent pas à dissimuler les sentiments humains les moins nobles. De tels propos peuvent certes nous rebuter, mais ne sont-ils pas le miroir de ce qui nous habite parfois profondément?
En conclusion, le psalmiste exprime sa confiance de voir sa prière exaucée et s’engage à offrir un sacrifice d’action de grâce. Le tout dernier verset laisse même entendre qu’il est déjà délivré de son malheur. La pression est retombée ; il peut désormais respirer à l’aise. À ses yeux, cet heureux dénouement n’est pas le fruit du hasard ; c’est la réponse de Dieu à ses appels à l’aide.
Un psaume comme celui-ci nous rappelle que la vie est une lutte continuelle contre l’adversité ou, pour employer un langage plus traditionnel, les forces du Mal. Il peut nous arriver d’avoir l’impression que les épreuves et les échecs se succèdent et qu’on n’en sortira jamais. Nous l’expérimentons depuis le début de la pandémie de COVID-19. En verra-t-on la fin un jour? La prière du psalmiste, bien que dramatique, manifeste aussi beaucoup de confiance : la proverbiale lumière au bout du tunnel va paraître en son temps. Naïveté? Lunettes roses? Non, plutôt l’assurance que Dieu veille sur les siens et ne les abandonnera pas à leur sort malheureux.
Jean Grou est bibliste et rédacteur en chef de Vie liturgique et Prions en Église.