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Les Psaumes

 

David
     

chronique du 18 septembre 2015

 

Le Seigneur entend le cri de ma prière : Psaume 116 (114-115)

Psaume 114-115

Initiale D – psaume 114
Psautier de Saint Albans, vers 1130, Dombibliothek Hildesheim
Image © Hildesheim, St Godehard

Alléluia!

J’aime le Seigneur :
Il entend le cri de ma prière;
Il incline vers moi son oreille :
Toute ma vie, je  l’invoquerai.

J’étais pris dans les filets de la mort,
Retenu dans les liens de l’abîme,
J’éprouvais la tristesse et l’angoisse;
J’ai invoqué le nom du Seigneur :
« Seigneur, je t’en prie, délivre-moi! »

Le Seigneur est justice et pitié,
Notre Dieu est tendresse.
Le Seigneur défend les petits :
J’étais faible, il m’a sauvé.

Retrouve ton repos, mon âme,
Car le Seigneur t’a fait du bien.
Il a sauvé mon âme de la mort,
Gardé mes yeux des larmes
Et mes pieds du faux pas.

Je marcherai en présence du Seigneur
Sur la terre des vivants.

              • • •

Je crois, et je parlerai,
Moi qui ai beaucoup souffert,
Moi qui ai dit dans mon trouble :
« L’homme n’est que mensonge. »

Comment rendrai-je au Seigneur
Tout le bien qu’il m’a fait?
J’élèverai la coupe du salut,
J’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
Oui, devant tout son peuple!

Il en coûte au Seigneur
De voir mourir les siens!
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
Ton serviteur, le fils de ta servante,
Moi, dont tu brisas les chaînes?

Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
J’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
Oui, devant tout son peuple,
À l’entrée de la maison du Seigneur,
Au milieu de Jérusalem! [1]

Traduction officielle liturgique

Le psaume 114-115 prolonge et développe le psaume 113B qui le précède dans le psautier. Celui-ci insiste : « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom, donne la gloire, pour ton amour et ta vérité. » (v. 1) Le psaume 114-115 se laisse entraîner : le nom du Seigneur revient quinze fois dans le psaume. Devant Dieu, le croyant reconnaît l’action bienfaisante du Très-Haut.

     Quel motif amène les psalmistes à tant louer Dieu? « J’étais pris dans les filets de la mort, dit le priant, retenu dans les liens de l’abîme… Retrouve ton repos, mon âme, car le Seigneur t’a fait du bien. Il a sauvé mon âme de la mort. » (v. 3. 7-8)

     Les idoles des païens ne sont que bibelots de pacotille, clamait le psaume 113B. Les yeux du Seigneur veillent sur ses serviteurs, dit le psaume 114-115, et les consolent (v. 15.8). Dieu se penche et écoute : « J’aime le Seigneur : il entend  le cri de ma prière; il incline vers moi son oreille. » (v. 1-2) Le Seigneur a gardé les pieds du priant loin du faux pas (v. 8) Désormais, le psalmiste ne veut demeurer qu’en présence du Seigneur et ne vivre que sur la terre des vivants. (v. 9)

     La prière de l’exaucé devient une action de grâce. On l’imagine à l’entrée du temple « au milieu de Jérusalem » (v. 19), au vu et au su de l’assemblée, « devant tout son peuple » (v. 18), l’entraînant dans son acte de foi. « Le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité, qui garde sa fidélité jusqu’à la millième génération » (Exode 34,6-7) : ainsi se récapitule la profession de foi de ce psalmiste.

     Le psaume 114-115 a pu se retrouver sur les lèvres de Jésus. On l’imagine au moment où il annonce sa mort à ses proches, trouvant dans ce chant de victoire la confiance et la certitude d’être soutenu par son Père. « Je crois, et je parlerai, moi qui ai beaucoup souffert, moi qui ai dit dans  mon trouble : ‘’L’homme n’est que mensonge.’’ » (v. 10-11) Au matin de Pâques, sa prière d’action de grâce a pu ressembler à ces versets : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait? J’élèverai la coupe du salut. » (v. 12-13)

     À la suite du crucifié ressuscité, l’Église peut reprendre ce psaume. Pensons en particulier aux communautés persécutées notamment au Moyen Orient. Pensons aux Églises blessées par tant de scandales. « L’épreuve subie par le psalmiste n’est pas précisée. On sait seulement que sa vie était gravement menacée. Plutôt que de s’attarder à relater ce qui lui est arrivé, son souci principal est de témoigner de ce que Dieu a fait pour lui. » [2]

[1] Certains manuscrits, dont ceux sur lesquels s’appuie la liturgie, divisent ce psaume en deux psaumes distincts. Le psaume 114 comprend les versets 1 à 9. Le psaume 115 est formé des versets 10 à 19. Cette manière de voir n’est pas partagée par tous les exégètes. Ici, nous considérons les 19 versets comme un tout.

[2] Jean-Luc Vesco, Le psautier de David, Paris, Cerf (Lectio divina), 2008, p. 1096.

Denis Gagnon

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