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Les Psaumes

 

David
     

chronique du 13 mars 2015

 

Délivre-moi de l’homme mauvais : Psaume 140 (139)

Psaume 140

Initiale C – psaume 140
Psautier de Saint Albans, vers 1130, Dombibliothek Hildesheim
Image © Hildesheim, St Godehard

Seigneur, délivre-moi de l’homme mauvais,
préserve-moi de l’homme violent,
de ceux qui ont prémédité le mal,
qui provoquent des guerres chaque jour.
Ils ont dardé leur langue comme le serpent,
ils ont du venin d’aspic entre les lèvres.

Seigneur, garde-moi des mains de l’impie,
préserve-moi de l’homme violent,
de ceux qui ont médité ma chute.
Des orgueilleux ont dissimulé des pièges devant moi,
ils ont tendu des cordes, un filet au bord du chemin,
ils m’ont posé des traquenards.

J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu! »
Seigneur, prête l’oreille à ma voix suppliante.
Dieu, Seigneur, la force qui me sauve,
tu as protégé ma tête le jour du combat.

Seigneur, ne cède pas aux désirs de l’impie,
ne laisse pas réussir leurs intrigues,
car ils se redresseraient.
Que le crime de leurs lèvres recouvre
mes assiégeants jusqu’à la tête!
Que des braises se déversent sur eux,
qu’il les précipite dans le feu,
dans des gouffres d’où ils ne se relèveront pas!

Les mauvaises langues ne resteront pas dans le pays;
l’homme violent et méchant,
on le pourchassera sans répit.
Je sais que le Seigneur fera justice au malheureux,
qu’il fera droit aux pauvres.
Oui, les justes célébreront ton nom
et les hommes droits habiteront en ta présence.

Traduction officielle liturgique

Justice pour le malheureux

     En pleine montée vers Pâques, ce n’est pas sans penser à la passion du Christ que nous prions le psaume 140. Les mots et les images que suggère le psalmiste illustrent bien ce qu’a subi Jésus dans ses tortures et dans sa mort.

     Le psaume comprend deux parties : versets 2-6 et versets 7-12. Il se termine par une profession de foi : versets 13-14.

     Dans la première partie, le psalmiste présente devant Dieu sa situation. Il est la victime d’agresseurs impitoyables. L’homme mauvais, le violent, ceux qui ne pensent qu’à faire du mal et à provoquer la guerre, des êtres aussi sournois que le serpent, qui crachent du venin d’aspic, qui chassent leur ennemi comme on chasse le lièvre et le renard… L’ennemi qui s’acharne sur le pauvre homme, c’est tout cela et même davantage. Les mots suffisent à peine à traduire la colère et la rage de l’innocent bafoué.

     Le psaume s’attarde sur les sentiments et les émotions qui habitent le priant. Pourquoi celui-ci est-il la proie de ses adversaires? Qu’est-ce qui pousse ceux-ci à l’attaquer? Le psaume est discret sur ces points. À la merci de ses bourreaux, la victime ne cherche pas à préciser. Elle hurle simplement : « Seigneur, délivre-moi de l’homme mauvais… » Et pour décrire l’ennemi, les images laissent deviner l’intensité de la douleur du malheureux.

     La deuxième partie du psaume (v. 7-12) appelle Dieu au secours. La prière commence par une  profession de foi : « Tu es mon Dieu! » La force qui sauve, le protecteur dans le combat, c’est Dieu lui-même… La profession de foi, juste avant la supplication, traduit la confiance du psalmiste : Dieu est assez puissant pour courir auprès du croyant et le délivrer.

     Dans sa demande, la victime laisse entendre que les attaques de l’ennemi sont surtout verbales : « leurs intrigues… le crime de leurs lèvres… les mauvaises langues… » (v. 9, 10, 12). Il ne demande rien de moins que le feu pour les faire taire : « Que des braises se déversent sur eux, qu’il les précipite dans le feu, dans des gouffres d’où ils ne se relèveront pas! » (v. 11) On se croirait à Sodome ou à Gomorrhe (cf. Genèse 19,24)!

     Le psaume se termine par une profession de foi plus développée que celle du verset 7. La confiance est encore là. Le psaume supplie Dieu d’accorder la justice au malheureux, de faire droit aux pauvres. « Oui, les justes célébreront ton nom et les hommes droits habiteront en ta présence. » (v. 14)

     En début de réflexion, nous avons fait un lien entre ce psaume et la passion, puis la mort du Christ. Comment celui-ci priait-il le psaume 140? En montant à Jérusalem pour la Pâque juive, Jésus devait avoir bien présent à l’esprit sa propre Pâque. Le psaume 140 lui proposait alors de supplier son Père de lui faire justice et de faire de sa mort  un don, un service, une justice pour les malheureux, un droit pour les pauvres.

     Dans ces temps difficiles que nous connaissons présentement, le psaume ne manque pas d’actualité. La violence et la méchanceté s’abattent sur le Proche-Orient et se répandent sur l’ensemble de la planète. Les croyants et les croyantes peuvent reprendre la prière du psalmiste et appeler Dieu au secours. Ils laisseront les mots du psaume transformer l’inquiétude en confiance, la colère en abandon entre les mains de Dieu : « Oui, les justes célébreront ton nom et les hommes droits habiteront en ta présence. » (v. 14)

Denis Gagnon

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