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Les Psaumes

 

David
     

chronique du 5 septembre 2014

 

Je te cherche dès l’aube : Psaume 63 (62)

Dieu, tu es mon Dieu,
Je te cherche dès l’aube :
Mon âme a soif de toi;
Après toi languit ma chair,
Terre aride, altérée, sans eau.

Je t’ai contemplé au sanctuaire,
J’ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
Tu seras la louange de mes lèvres!

Toute ma vie je vais te bénir,
Lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié;
La joie sur les lèvres, je dirai ta louange.

Dans la nuit, je me souviens de toi
Et je reste des heures à te parler.
Oui, tu es venu à mon secours :
Je crie de joie à l’ombre de tes ailes.
Mon âme s’attache à toi,
Ta main droite me soutient.

Mais ceux qui pourchassent  mon âme,
Qu’ils descendent aux profondeurs de la terre,
Qu’on les passe au fil de l’épée,
Qu’ils deviennent la pâture des loups!

Et le roi se réjouira de son Dieu.
Qui jure par lui en sera glorifié,
Tandis que l’homme de mensonge
Aura la bouche close.

Traduction officielle liturgique

Il y aurait beaucoup à évoquer dans ce psaume, d’autant plus qu’il occupe une place privilégiée dans la liturgie chrétienne. Alors que le psaume 110 (109) caractérise la psalmodie de l’Office du dimanche soir, il revient au psaume 63 (62) de donner le ton à la psalmodie de l’Office du dimanche matin.

     Comme pour beaucoup de psaumes, méfions-nous du premier verset qui attribue cette prière au roi David. Ce verset nous entraînerait dans une interprétation bien loin d’être voulue par son auteur. Contentons-nous de reconnaître, grâce à certaines allusions, la prière d’un lévite qui vit loin du temple et s’ennuie de ne pouvoir participer à la liturgie du peuple de Dieu. Il se souvient qu’il a contemplé Dieu alors qu’il était au sanctuaire. Il a vu sa force et sa gloire (verset 3). La peine du serviteur de Dieu est d’autant plus grande que celui-ci est pourchassé par un ennemi, un « homme de mensonge » (verset 12).

     Le psalmiste a soif. Son désir de rencontrer Dieu est une soif dont il souffre jusque dans sa chair (verset 2) : « Après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. » Création de Dieu, cette chair elle-même aspire à la révélation. C’est jusque-là que la soif du lévite s’exprime, jusque dans son corps.

     Le psalmiste engage sa foi. Toute sa vie, il veut bénir Dieu en élevant les mains pour invoquer le nom du Très-Haut (verset 5). Élever les mains! Le geste de la prière, de la supplication, de l’intercession. C’est ainsi que priait Moïse pendant le combat contre les Amalécites (Exode 17,11) : « Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. » L’apôtre Paul recommande qu’on prie les mains levées (1 Timothée 2,8) : « Je voudrais donc qu’en tout lieu les hommes prient en élevant les mains, saintement, sans colère ni dispute. » « Lève donc les mains pour la prière, demande Augustin.  Car le Seigneur notre Dieu a levé ses mains pour nous sur la croix, ses mains ont été étendues pour nous. Elles ont été étendues sur la croix pour que les nôtres s’étendent vers les œuvres bonnes, sa croix en effet nous a obtenu miséricorde. » [1] La prière eucharistique II va dans le même sens : «Pour accomplir jusqu’au bout ta volonté et rassembler du milieu des hommes un peuple saint qui t’appartienne, il étendit les mains à l’heure de sa passion, afin que soit brisée la mort, et que la résurrection soit manifestée.»

     La prière du lévite est joyeuse. Elle est louange. Elle est action de grâce tout autant que supplication. Dieu est la louange de ses lèvres (verset 4). Le psalmiste veille la nuit pour s’entretenir avec Dieu, des heures entières à parler avec son Seigneur (verset 9). Il sait que sa prière est exaucée (verset 8) : « Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes. »
                                                                                                                       
     Jésus a dû prier ce psaume en partageant les sentiments du psalmiste. Lui et le Père s’entretenaient des nuits entières au dire des évangélistes. « Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. » (verset 7) Dans la bouche du Fils de Dieu, des mots comme ceux-ci résonnaient d’une façon toute spéciale (verset 4). : « Ton amour vaut mieux que la vie ».

     Et les disciples que nous sommes peuvent penser à la mort et à la résurrection de notre Seigneur quand nous disons (verset 8) : « Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes. »

[1] Homélie de saint Augustin sur le psaume 62, dans Saint Augustin, prier Dieu. Les psaumes, Paris, Cerf, 1966, p. 162.

Denis Gagnon

Série précédente :
Les Psaumes : expression de foi, expression de vie (Alexandre Kabera)