Le couronnement du roi David. Enluminure du Psautier Huth, circa 1200, folio 35 (image © British Library).
Les nations s’agitent : Psaume 2
Gérard Blais | 25 novembre 2011
Pourquoi cette agitation des peuples ?
Ces grondements inutiles des nations ?
Les rois de la terre s’insurgent
Et les grands conspirent entre eux,
Contre le Seigneur et contre son messie.
(…)
Le Seigneur m’a dit :
« Tu es mon fils;
moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »
Commentaire
Le Psaume 2 fait partie des « psaumes royaux ». Qu’est-ce qu’un psaume royal? C’est un hommage proclamé par un poète de la cour à l’occasion de l’intronisation d’un nouveau roi. Il existe une dizaine de psaumes royaux parmi lesquels les psaumes 2, 18, 45, 71, 89 et 109.
Dans le cas du psaume 2, le contexte historique n’est pas vérifiable, mais il semble qu’on fasse allusion à une période d’instabilité politique. Les changements de régime créent toujours une certaine anxiété, même dans les sociétés démocratiques. Dans les monarchies, c’était souvent la panique.
Tout au long de son histoire, le petit pays d’Israël a connu pas mal de turbulence. Il fut sans cesse menacé de l’extérieur par des nations voisines qui, telles des loups, cherchaient à étendre leur hégémonie. De plus, chaque fois qu’un roi mourait, le pays était menacé également de l’intérieur. Dans la fragilité d’un interrègne, alors que personne ne possède le pouvoir, tout le monde veut le pouvoir. Ce psaume exprime l’espoir d’une nouvelle harmonie avec le sacre d’un nouveau roi qui, plus est, bénéficie de la protection divine.
Ce psaume, tout en partant d’une réalité politique bien concrète, nous amène à un autre niveau : il nous fait découvrir que Dieu est le vrai « Seigneur », le vrai roi qui est au-dessus de toute cette agitation, celui qui trône au-dessus de toutes ces conspirations.
Par delà le lien de Dieu avec David et sa dynastie, ce psaume réfère au règne messianique. Dans une lecture chrétienne, Jésus, le Messie, incarne pleinement la royauté. C’est la raison pour laquelle, le Nouveau Testament chérit ce psaume. Actes 13,33 cite ce psaume pour l’appliquer à Jésus ressuscité :
« Nous vous annonçons une Bonne Nouvelle : la promesse faite à nos pères, Dieu l’a accomplie en notre faveur à nous, leurs enfants : il a ressuscité Jésus. Ainsi est-il écrit au psaume premier : "Tu es mon Fils, moi-même aujourd’hui je t’ai engendré". La lettre aux Hébreux cite également ce même verset pour l’appliquer à Jésus « Grand-Prêtre» par excellence (He 5,5). De nature, l’homme a le cœur agité. Un rien le fait chavirer. Le Christ-Roi apporte la paix à son cœur. « La royauté davidique est l'ombre, le type de celle que Jésus-Christ est venu manifester en attendant de l'établir définitivement lors de son avènement. » (Pierre Berthoud)
Gérard Blais SM était directeur du Centre biblique Har’el (Québec) au moment de la rédaction de cet article.