La crainte
de Dieu d'après le Psaume 128 (127)
1 Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !
2 Tu te nourriras du travail de tes mains :
Heureux es-tu ! À toi, le bonheur !
3 Ta femme sera dans ta maison comme une vigne
généreuse,
et tes fils, autour de la table, comme des plants d'olivier.
4 Voilà comment sera béni l'homme
qui craint le Seigneur.
5 De Sion, que le Seigneur te bénisse
!
Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta
vie,
6 et tu verras les fils de tes fils.
Paix sur Israël !
Le Psaume 128 (127) commence par les mots : « Heureux
tous ceux qui craignent le Seigneur. » On s'interroge
sur le sens de la crainte de Dieu. Toutes les fois que l'on parle
de la crainte du Seigneur dans les Écritures, il faut remarquer
qu'elle n'est jamais présentée seule, comme si elle
suffisait à la perfection de notre foi; on lui préfère
ou on lui substitue quantité de choses qui font comprendre
quelle est la nature et la perfection de cette crainte du Seigneur.
Nous connaissons par-là ce que dit Salomon dans les Proverbes :
« Si tu demandes la sagesse, si tu appelles l'intelligence,
si tu la recherches comme l'argent et si tu creuses comme un chercheur
de trésor, alors tu comprendras la crainte du Seigneur. »
Nous voyons ainsi à travers
quelles étapes on parvient à la crainte du Seigneur.
D'abord, il faut demander la sagesse, consacrer tous ses efforts
à comprendre la parole de Dieu, rechercher et approfondir
dans la sagesse; et c'est alors que l'on comprendra la crainte du
Seigneur. Or, dans l'opinion commune des hommes, on ne comprend
pas ainsi la crainte.
La crainte est l'appréhension
de la faiblesse humaine qui redoute de souffrir des accidents dont
elle ne veut pas. Elle naît et elle se développe en
nous du fait de la cu lpabilité de notre conscience, du droit
d'un plus puissant, de l'assaut d'un ennemi mieux armé, d'une
cause de maladie, de la rencontre d'une bête sauvage, bref
la crainte naît de tout ce qui peut nous apporter de la souffrance.
Une telle crainte ne s'enseigne donc pas; elle naît naturellement
de notre faiblesse. Nous n'apprenons pas quels sont les maux à
craindre, mais eux-mêmes ces maux nous inspirent de la crainte.
Au contraire, au sujet de la crainte
du Seigneur, il est écrit ceci : « Venez,
mes fils, écoutez-moi : la crainte du Seigneur, je vous
l'enseignerai. » Il faut donc apprendre la crainte de
Dieu puisqu'elle est enseignée. En effet, elle n'est pas
dans la terreur, elle est dans la logique de l'enseignement. Elle
ne vient pas du tremblement de la nature, mais de l'observance du
précepte; elle doit commencer par l'activité d'une
vie innocente et par la connaissance de la vérité
.
Pour nous, la crainte de Dieu est
tout entière dans l'amour, et la charité parfaite
mène à son achèvement la peur qui est en elle.
La fonction propre de notre amour envers lui est de se soumettre
aux avertissements, d'obéir aux décisions, de se fier
aux promesses. Écoutons donc l'Écriture, qui nous
dit : « Et maintenant, Israël, qu'est-ce que
le Seigneur te demande? Sinon que tu craignes le Seigneur ton Dieu,
que tu marches sur tous ses chemins, que tu l'aimes et que tu observes
de tout ton cur et de toute ton âme, les commandements
qu'il t'a donnés pour ton bonheur. »
La crainte du Seigneur ne se comprend
bien qu'en rapport étroit avec l'amour de Dieu.
Pierre Bougie, PSS
(d'après un texte de saint Hilaire)
professeur au Grand séminaire de Montréal
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