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chronique du 18 mars 2008
 

Triduum pascal


Jeudi saint

La parabole du lavement des pieds


Alors si moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres (Jean 13,14).

  Ce soir, le Maître qui a enseigné en paraboles, fait vivre à ses amis la plus touchante et à la fois la plus dramatique des paraboles.

  Jésus et ses amis les plus proches sont rassemblés pour célébrer la grande fête de leur peuple. Ils veulent célébrer leur libération, la Pâque, le Passage. Au milieu du repas, Jésus, leur Maître, celui qui accomplissait des miracles et tant de choses étonnantes, le Maître que les foules voulaient couronner roi il y a quelques jours, se lève soudainement de son siège de président de la fête, soulève sa robe et attache un linge autour de sa taille et, accomplissant la plus servile des tâches, commence à laver les pieds des Douze.

  Nous pouvons imaginer le choc que doivent éprouver ses amis et le silence incrédule qui s'est installé dans la salle. Mais, sans un mot, Jésus continue... après un premier disciple, un deuxième, puis un autre et un autre... Jésus à genoux, lavant la saleté et la poussière des pieds des pécheurs, du collecteur d'impôts... les uns après les autres. Malgré l'embarras et les protestations, de Pierre en particulier, Jésus continue son humble et, à leurs yeux, combien dégradante tâche. Puis, quand tout est fini, il s'adresse à eux et explique sa « parabole » : Ce que je viens de faire pour vous, vous devez le faire à votre tour.  

  Le Maître qui leur a révélé les merveilles de Dieu à travers des histoires de graine de moutarde, de filets de pêche, d'enfant ingrat, en ce dernier soir de sa vie à la vie comme nous la connaissons - laisse à sa petite équipe de disciples la plus belle des paraboles. « Ce que moi, votre Seigneur et votre Maître j'ai fait pour vous, vous devez le faire les uns pour les autres. Je vous ai lavé les pieds comme un esclave, vous devez vous laver les pieds et vous servir les uns les autres. Comme je vous ai aimés sans limite et sans condition, vous devez vous aimer les uns les autres sans limite et sans condition.»

  Ce soir devrait nous faire voir notre vraie condition, ce soir devrait nous rendre inconfortables. Car ce soir projette la lumière sur ce que signifie « être disciples de Jésus, rassemblés à sa table et partageant son Eucharistie ».

  La parabole de ce soir est si simple, mais ce qu'elle nous enseigne est le coeur même de l'agir du vrai chrétien... et c'est peut-être la leçon la plus difficile à saisir.

  Père, ce soir nous nous rappelons la nuit du deuxième Passage, la Pâques de Jésus Christ. Dans cette Eucharistie, nous proclamons sa vie, sa mort et sa résurrection. Puissions-nous, en nous aimant les uns les autres, apporter son Eucharistie à notre monde divisé. (Inspiré de Connections, Jeudi saint, 1998).

Vendredi saint

La souffrance est recyclable

Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix (Jean 18, 37).

  En entrant dans la ville d'Asbestos, je fus frappé par les montagnes grises qui bordaient le chemin. « Qu'est-ce que c'est » demandai-je à mon hôte. « C'est le résidu de l'extraction d'amiante, me répondit-il. Une poussière qu'on déverse à pleins camions aux abords de la ville. C'est gros, c'est laid et ça ne peut servir à rien ! »

 Ce soir-là, on montra à la té1é, coup sur coup, un reportage sur les sidéens et un autre sur le dernier tremblement de terre. Des scènes de paysages ravagés par des forces meurtrières, des gros plans de visages ravagés par la souffrance. Toute la souffrance humaine m'apparut alors comme les montagnes de poussière à l'entrée d'Asbestos : grosse, laide, inutile.

  Le Calvaire est aussi une montagne de souffrance. Mais il s'y est produit un miracle plus grand encore que celui de Cana où l'eau fut changée en vin. Au Calvaire, Jésus prend la souffrance et la change en amour. « Ma vie, nul ne la prend, c'est moi qui la donne. » À tous les crucifiés de la terre, à tous ceux et celles qui sont écrasés par leur souffrance, Jésus apparaît comme celui qui peut, non pas supprimer la croix, mais la transformer. Sur sa croix, la souffrance devient recyclable. Ce qu'il y a de plus laid, de plus inhumain, devient ce qu'il y a de plus beau : l'amour.

  Je n'ose dire cela à ceux et celles qui souffrent. Mais j'ose prier pour qu'eux et moi entrions dans le mystère insondable de la croix du Christ pour y découvrir que la souffrance est recyclable. (Georges Madore, Prions en Église).

Pâques

Le nuage et la dune

Soyez sans crainte ! ... il est ressuscité d'entre les morts; il vous précède... ; vous le verrez. (Matthieu 28, 5.7).

  On sait que la vie des nuages est aussi courte que mouvementée. Or, un jour, un très très jeune nuage entreprit sa première cavalcade à travers le ciel en compagnie d'une bande de gros nuages bouffis aux formes étranges.

  Quand ils survolèrent l'immense désert du Sahara, les autres nuages, plus expérimentés, l'encourageaient : « Plus vite, plus vite ! Si tu traînes, tu es perdu. »

  Mais, comme tous les jeunes, le petit nuage était curieux et il se laissa glisser à l'arrière des autres nuages qui, eux, ressemblaient à un troupeau de bisons en pleine galopade. « Que fais-tu, remue-toi ! », lui cria le vent.

  Mais le petit nuage avait aperçu les dunes de sable doré : un spectacle fascinant. Et il se laissait planer d'un vol de plus en plus léger. Les dunes ressemblaient à des nuages d'or caressés par le vent.

  L'une d'elle lui sourit. « Bonjour! », lui dit-elle. C'était une dune très gracieuse. Elle venait tout juste d'être moulée par le vent qui lui mêlait sa brillante chevelure.

  Le nuage se présenta : « Bonjour! Je m'appelle Age.»
  « Et moi, Une, répondit la dune.
  « Comment vis tu 1à-dessous ? »
  « Eh bien... avec le soleil et le vent. Il fait un peu chaud, mais on s'y fait ! Et toi, comment vis-tu là-haut ? »
  « Avec le soleil et le vent..., et de grandes courses dans le ciel.»
  « Ma vie à moi est très courte. Et quand reviendra le vent, je disparaîtrai peut-être.»
  « Cela t'ennuie ? », demanda le nuage.
  « Un peu. J'ai l'impression d'être inutile.»
  « Moi également. Je me transformerai bientôt en pluie et je tomberai. C'est mon destin. » La dune hésita un instant et dit : « Sais-tu que la pluie nous l'appelons Paradis? »
  « Non ! Je ne savais pas que j'étais si important ! », dit le nuage dans un beau sourire.
 « J'ai entendu raconter par quelques vieilles dunes combien la pluie était belle. Nous nous habillons alors de parures qu'on appelle herbe et fleurs. »
  « Oui, c'est vrai, je les ai vues », confirma le nuage.
  « Je ne les verrai sans doute jamais », conclut tristement la dune. Le nuage réfléchit un moment et ajouta : « Je pourrais te couvrir de pluie ... »
  « Mais tu en mourrais ... »
  « Oui, mais toi, tu fleuriras », dit le nuage et il se laissa tomber, se transformant en pluie aux couleurs arc-en-ciel. Le lendemain, la petite dune était couverte de fleurs. (Bruno Ferrero, Graines de Sagesse, pp. 12-13)

LIEN : Saint Matthieu nous raconte l'événement des événements. Il n'est pas étonnant qu'il y mette le paquet : tremblement de terre, anges venus du ciel pour rouler la pierre, gardes devenus spectateurs, incapables d'agir sur l'événement.

 Pour Marie Madeleine et l'autre Marie c'est la révélation des révélations. Jésus est vivant. Jésus n'est plus dans la mort, il est vivant. Quelle affaire ! C'est bien vrai tout ce que Jésus leur a dit : ressusciter c'est possible, c'est aussi pour eux. Elles courent tremblantes et joyeuses.

  Il y a en nous, grâce à l'Esprit de Jésus qui nous habite, une force de vie telle que même la mort ne peut y résister. Quelle affaire ! Avons-nous saisi tout ce que cette réalité comporte jusqu'à en être tremblants et joyeux?

 

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