Retrouvée
Quand il l'a retrouvée, tout joyeux il la prend sur ses
épaules (Luc 15, 6).
Je n'avais pas plus de dix ans. Une
petite sur de trois ans manifestait une gêne incroyable
chaque fois que des visiteurs s'amenaient à la ferme. Un
beau jour d'été, à l'heure du dîner,
un oncle de la ville arrive avec toute sa famille. C'est l'excitation,
ma mère et ma grand-mère préparent des plats
pour les arrivants. Les jeunes que nous étions avaient déjà
mangé et la présence des cousins et cousines nous
retenait tous dans la cour pour jouer ...
Après un certain temps, ma
mère sort pour appeler la petite dernière au dodo
de l'après-midi. Elle n'est pas avec nous, personne ne se
rappelle l'avoir vue depuis le repas. On appelle, on cherche, les
uns après les autres, tous les membres de la famille se joignent
aux recherches. Nous avions dans la cour de la ferme une fontaine
profonde qui servait à la fois de réserve d'eau et
de chambre froide car une construction s'élevait au-dessus
de ce trou dangereux dont nous avions une saine frousse.
Comme les recherches dans les bâtiments,
autour des dépendances, jusque chez la voisine toute proche
sont infructueuses, une sorte d'angoisse dont je me rappelle encore
commande le silence. Personne ne veut prononcer le mot « fontaine
», mais tous y pensent ... La porte de ce cabanon habituellement
bien fermée est entrouverte. On cherche des indices, la trace
d'un petit pied dans la terre humide ... On n'y voit rien mais on
imagine le pire.
Après ce qui m'a semblé
des heures de recherche, un cousin arrive en criant : « Je
l'ai trouvée, elle dort sur le siège de la carriole
au fond de la remise ».
Je me souviens des larmes de joie de ma
mère, de l'émotion de mon père qui la serrait
dans le creux de son épaule et j'ai pris conscience de l'amour
que j'éprouvais pour cette petite sur parfois bien
dérangeante. Personne ne lui a plus permis de s'évader,
elle nous était tellement précieuse. À partir
de ce moment-là, même si nous n'étions que des
enfants, un aîné veillait toujours (Souvenirs,
MB ).
LIEN : Cette scène fait penser à la détermination
de Dieu pour retrouver celui et celle qui se cachent de son amour.
Jésus nous dit dans les paraboles d'aujourd'hui que notre
Père est inlassablement à la recherche de son enfant
qui se perd. Comme dans l'évangile, cet incident raconté
laisse voir la joie de RETROUVER. Si l'enfant fait fondre de tendresse
le cur de ses parents quand il réapparaît sain
et sauf, combien notre Père doit se réjouir de retrouver
le pécheur qui revient à Lui. De même, je
vous le dis: Il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul
pécheur qui se convertit (Luc 15, 10).
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La mort et le kamikaze
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