Un frère
comme ça
« ...invite des pauvres, des estropiés, des boiteux,
des aveugles; et tu seras heureux, parce qu'ils n'ont rien à
te rendre... » (Luc 14, 13-14).
Un de mes amis avait reçu une automobile en cadeau de la
part de son frère. La veille de Noël, en sortant du
bureau, Paul vit un petit garnement qui tournait autour de sa voiture
neuve, le regard plein dadmiration. « Cest votre
voiture, Monsieur? » demanda-t-il.
Paul fit oui de la tête. « Mon frère
me la donnée pour Noël ». Le garçon
nen revenait pas. « Vous voulez dire que votre frère
vous la donnée et quelle ne vous a pas coûté
un sou? Eh bien! Jaimerais ça moi... ». Il hésita.
Bien sûr, Paul savait ce que le garçon
allait dire : il aurait aimé avoir un frère comme
ça. Mais ce quil dit secoua Paul de la tête aux
pieds.
« Jaimerais ça, dit-il, être
un frère comme ça. »
Paul regarda le garçon avec étonnement,
puis il ajouta impulsivement : « Aimerais-tu faire un tour
dans mon auto? »
« Oh oui, jaimerais beaucoup ».
Après une courte promenade, le garçon
se tourna vers Paul, les yeux brillants : « Monsieur, dit-il,
voudriez-vous passer devant ma maison? »
Paul sourit. Il pensait savoir ce que le garçon
voulait : il voulait que ses voisins le voient rentrer chez lui
dans une grosse automobile. Mais Paul se trompait encore. «
Voudriez-vous arrêter là, devant ces deux marches?
» demanda le garçon.
Il grimpa les marches. Au bout dun certain temps
Paul lentendit qui revenait, mais il ne revenait pas vite.
Il transportait son petit frère infirme. Il le fit asseoir
sur la plus basse des deux marches puis il se serra contre lui en
montrant la voiture du doigt.
« La voici, petit, comme je tai dit en
haut. Son frère la lui a donnée pour Noël et
elle ne lui a pas coûté un sou. Et moi, un jour je
vais ten donner une pareille... alors tu pourras voir toi-même
toutes les belles choses dans les vitrines de Noël que jai
essayé de te décrire ».
Paul est sorti, a soulevé le petit garçon
et la installé sur la banquette avant de la voiture.
Le grand frère est monté à ses côtés
et ils se sont lancés tous les trois dans une mémorable
virée du temps des fêtes.
Cette veille de Noël, Paul a compris ce que Jésus
voulait dire quand il a dit : « Il y a plus de bonheur à
donner...» (Dan Clark, Bouillon de poulet pour lâme,
tome I, p. 36-37).
LIEN: Linterpellation que contient lévangile
de Luc à aller vers des pauvres et des estropiés peut
être entendue encore aujourdhui, et lexpérience
de la rencontre surprenante entre Paul et les deux enfants est une
illustration concrète du bonheur quil y a à
donner sans rien attendre en retour, pas même un sou : «
Tu serais heureux, parce quils nont rien à te
rendre.» Le petit garçon est vraiment un « garnement
». Sans le savoir, il provoque un renversement complet de
notre échelle de valeurs. En disant vouloir être «
un frère comme ça », il prenait la place de
lhôte de lévangile à qui Jésus
recommande de ne pas inviter des gens qui pourraient leur rendre
la pareille.
Chronique
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