«
Nous sommes trois, vous êtes trois ... »
«L'amour de Dieu a été répandu
dans nos curs par l'Esprit Saint qui nous a été
donné » (Romains 5, 5).
Lorsque son bateau fit une escale d'un
jour dans une île éloignée, l'évêque
décida d'utiliser au mieux cette journée. Il se balada
sur la grève et fit la rencontre de trois pêcheurs
en train de réparer leurs filets. En langage petit-nègre
ils lui expliquèrent que plusieurs siècles auparavant,
ils avaient été évangélisés par
des missionnaires. « Nous, chrétiens! » affirmèrent-ils
en se désignant avec fierté.
L'évêque fut impressionné.
Connaissaient-ils la prière du Seigneur? Ils n'en avaient
jamais entendu parler. L'évêque fut scandalisé
: comment ces hommes pouvaient-ils revendiquer le titre de chrétiens,
quand ils ignoraient une chose aussi élémentaire que
la prière du Seigneur? « Que dites-vous, alors, quand
vous priez? » « Nous lever yeux au Ciel. Nous prier
: Nous sommes trois, vous êtes trois, pitié pour nous.'
»
L'évêque fut terrifié
par la nature primitive et nettement hérétique de
leur prière.
Aussi, passa-t-il la journée tout
entière à leur enseigner la prière du Seigneur.
Les pêcheurs n'apprenaient pas facilement, mais ils y mirent
tout leur cur et avant qu'il ne se rembarquât, le lendemain,
l'évêque eut la satisfaction de les entendre réciter
la formule entière, sans aucune faute.
Quelques mois plus tard, le bateau de l'évêque
se trouvait à passer dans les parages de ces îles et
l'évêque, qui se promenait sur le pont en faisant ses
prières du soir, se rappela avec plaisir le fait que sur
cette île, là-bas, il y avait trois hommes maintenant
capables de prier comme il faut, grâce à ses patients
efforts. Tandis qu'il se perdait dans ses pensées, il leva
à un moment donné les yeux et remarqua un point lumineux,
du côté est. Le point se rapprochait tout le temps
du bateau et, tandis qu'il regardait avec étonnement, l'évêque
vit trois formes qui marchaient sur les eaux en direction du bateau.
Le capitaine stoppa le bateau et tous les matelots s'appuyèrent
au bastingage pour contempler ce spectacle étonnant.
Quand les formes furent à portée
de voix, l'évêque reconnut ses trois amis, les pêcheurs.
« Évêque! crièrent-ils,
nous tant contents rencontrer vous. Nous entendre votre bateau passer
près notre île et venir vite vite rencontrer vous.
»
« Qu'est-ce que c'est, que vous voulez?
» demanda l'évêque pris d'une sainte frousse.
« Évêque, dirent-ils,
nous tant tant malheureux. Nous oublier belle prière. Nous
dir e: Notre Père dans les Cieux, ton nom soit sanctifié,
ton règne vienne ... ensuite, nous oublier. S'il vous plaît
dire toute prière encore. »
L'évêque se sentit humilié.
« Retournez chez vous, mes bons amis, dit-il, et chaque fois
que vous prierez, vous direz: 'Nous sommes trois, vous êtes
trois, pitié pour nous! '» (Histoire de A. De Mello).
LIEN: Un théologien a écrit : « J'aime l'évêque
de cette histoire car il est capable de reconnaître la vraie
communion avec Dieu quand il en est témoin, une communion
qui va bien au-delà des mots et des formules ». Et
c'est justement ce que nous rappelle cette fête de la Sainte
Trinité. Un Dieu qui est Père, Fils, et Esprit Saint
et dont l'amour a été répandu dans nos curs.
Et quand nous vivons de cette communion et de cet amour, notre prière
produit une légèreté, une capacité de
marcher dans la lumière, même sur les vagues du danger.
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