Revenir
à Vienne
Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont
vie (Jean 6, 63).
Il y a quelque temps à Vienne,
un vieux rabbin new-yorkais est venu parler de la Tradition.
À la question qui lui fut
posée : « Pourquoi avoir attendu plus de cinquante
ans pour revenir dans sa ville natale? »
Voilà ce qu'il répondit
:
Je suis vieux et je vais mourir.
Alors je me suis demandé : que puis-je encore faire pour
cette terre avant de la quitter? Et la réponse a fusé,
claire : Ôte de cette terre toute trace de ta souffrance!
Je me suis souvenu qu'il restait à Vienne une trace oubliée.
Enfant, j'ai été agressé sur le chemin de l'école
par de jeunes nazis, blessés de jets de pierres et laissé
dans mon sang sur le pont de S. Ce matin, très tôt,
avant que la ville ne s'éveille, je suis retourné
sur ce lieu. J'ai retrouvé le pont. J'ai retrouvé
l'enfant. Il paraissait se protéger encore les yeux de ses
mains et pleurait. Je l'ai aidé à se relever, je l'ai
serré contre moi, je lui ai dit : « Viens, petit, viens.
Je t'emmène. Désormais, tout est accompli. Nous sommes
libres toi et moi ». Et nous sommes partis ensemble la main
dans la main. Aussi, voyez-vous, il ne reste plus de moi aucune
souffrance qui pourrait hanter la ville.
Aucune vitre n'est plus ternie par
mon souffle anxieux! Voilà pourquoi je suis revenu et voilà
pourquoi je pars (Christiane Singer, Rastenberg, p. 125-126).
LIEN: Avant de se laisser consumer dans le brasier de l'amour, toute
souffrance veut encore une fois être apaisée et vue.
Suivre l'Esprit, c'est aussi reprendre le parcours du pardon qui
conduit à la paix, à la vie, à la liberté
intérieure.
Chronique
précédente :
Des signes particuliers de la présence
de Dieu...
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