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chronique du 22 août 2006
 

Revenir à Vienne

Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie (Jean 6, 63).

     Il y a quelque temps à Vienne, un vieux rabbin new-yorkais est venu parler de la Tradition.

     À la question qui lui fut posée : « Pourquoi avoir attendu plus de cinquante ans pour revenir dans sa ville natale? »

     Voilà ce qu'il répondit :

     Je suis vieux et je vais mourir. Alors je me suis demandé : que puis-je encore faire pour cette terre avant de la quitter? Et la réponse a fusé, claire : Ôte de cette terre toute trace de ta souffrance! Je me suis souvenu qu'il restait à Vienne une trace oubliée. Enfant, j'ai été agressé sur le chemin de l'école par de jeunes nazis, blessés de jets de pierres et laissé dans mon sang sur le pont de S. Ce matin, très tôt, avant que la ville ne s'éveille, je suis retourné sur ce lieu. J'ai retrouvé le pont. J'ai retrouvé l'enfant. Il paraissait se protéger encore les yeux de ses mains et pleurait. Je l'ai aidé à se relever, je l'ai serré contre moi, je lui ai dit : « Viens, petit, viens. Je t'emmène. Désormais, tout est accompli. Nous sommes libres toi et moi ». Et nous sommes partis ensemble la main dans la main. Aussi, voyez-vous, il ne reste plus de moi aucune souffrance qui pourrait hanter la ville.

     Aucune vitre n'est plus ternie par mon souffle anxieux! Voilà pourquoi je suis revenu et voilà pourquoi je pars (Christiane Singer, Rastenberg, p. 125-126).


LIEN: Avant de se laisser consumer dans le brasier de l'amour, toute souffrance veut encore une fois être apaisée et vue. Suivre l'Esprit, c'est aussi reprendre le parcours du pardon qui conduit à la paix, à la vie, à la liberté intérieure.

 

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