L'allumeur
de réverbères
Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers
pour sa moisson... Sur votre route, proclamez que le Royaume de
Dieu est là... Vous avez reçu gratuitement: donnez
gratuitement (Matthieu 9, 38; 10, 7-8).
Il était une fois un petit homme qu'on avait pris l'habitude
d'appeler « l'allumeur de réverbères »...
mais son véritable nom était Lucius. À la tombée
du jour, les paysans le voyaient passer tout joyeux sifflotant un
refrain. En sautillant, il allait de réverbère en
réverbère allumer le feu afin que la nuit en soit
illuminée. Pour lui, c'est comme s'il faisait naître
une étoile de plus. Quand les jeunes le voyaient venir, ils
couraient à sa rencontre et quelques fois l'accompagnaient
dans son pèlerinage à travers les rues du village.
Lucius avait quelque chose d'attirant car souvent les familles durant
l'hiver l'invitaient à venir se réchauffer et à
prendre un breuvage chaud avant de repartir dans sa course. Oui,
les gens l'aimaient beaucoup et tout le monde trouvait qu'il avait
un visage lumineux... Peut-être parce qu'il s'occupait d'autre
chose que de lui-même!
Un soir d'automne, un jeune enfant
tout triste s'est aventuré à lui demander : «
Lucius, pourquoi es-tu toujours si joyeux? » Et Lucius de prendre
le temps d'écouter Nicolas lui raconter sa peine... ses difficultés
de vivre en harmonie avec les autres... son besoin d'être
heureux. Touché par la confiance de Nicolas, Lucius lui partage
son secret : « Nicolas, essaie de regarder avec ton cur,
peut-être verras-tu une petite lumière s'allumer à
l'intérieur de toi ». Inconsciemment peut-être,
mais de façon certaine, Lucius venait de dire au grand jour
ce qu'il portait de plus précieux au fond de lui-même.
Depuis ce jour, Nicolas accompagne
souvent Lucius. Tout doucement au fil de ses rencontres, il apprend
à voir les événements, les personnes et lui-même
d'une manière toute nouvelle (S. Évelyne Desjardins,
c.s.c.).
LIEN : Nicolas a rencontré un guide, un homme simple, généreux
et accueillant qui a pris le temps de l'écouter et qui accepte
de transmettre « le secret » de sa joie. Un homme «lumineux»,
qui « illumine » tout son village. Non seulement les rues,
mais aussi les curs!
Les ouvriers et les ouvrières
de la « moisson », ce sont des hommes et des femmes qui
portent un trésor qu'ils veulent absolument partager. Ce
sont des guides qui allument quelque chose en irradiant ce qu'ils
ont de plus précieux. Ils n'imposent pas. Ils ne s'imposent
pas. C'est comme s'ils disaient : « Ce qui me fait vivre, ce
qui donne un sens à ma vie, j'aimerais le partager avec toi.
Celui en qui j'ai mis ma foi, j'aimerais que tu le connaisses. Ce
que j'ai reçu gratuitement et ce que je reçois chaque
jour, je te le donne gratuitement ».
* * * * *
Il faut des guides qui proposent
une force pour vivre...
Comment cette proposition d'un Évangile
force pour vivre rejoindra-t-elle les jeunes? Par la rencontre de
personnes dont le cur, la tête, la chair et le souffle
ont été traversés par une Bonne Nouvelle qui
les a mises en marche et qui les tient en recherche. Des personnes
qui les inviteront, implicitement et explicitement, à faire
un bout de chemin dans la même direction. Il ne s'agira pas
forcément de grands témoins ou de vedettes de la foi.
Ce seront le plus souvent des gens proches, des croyants de l'ordinaire
qui oseront dire leurs raisons de vivre et d'espérer, malgré
tout. Pour les jeunes, ce seront leurs parents, des gens de la parenté,
des chrétiens et chrétiennes de la paroisse, des camarades,
des éducateurs et des moniteurs, des compagnons et compagnes
de mouvements et bien d'autres témoins qu'ils pourront croiser
au hasard de leurs études, de leurs loisirs, de leurs déplacements
(AEQ, Proposer aujourd'hui la foi aux jeunes, pp. 31-32).
Chronique
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Le jeune homme et l'ermite
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