La foi
de Terry Anderson
Après qu'ils eurent roulé la pierre, Jésus
cria d'une voix forte : ' Lazare, viens dehors! ' Et le mort sortit,
les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé
d'un suaire. Jésus leur dit : ' Déliez-le, et laissez-le
aller ' (Jean 11, 43-44).
Terry Anderson, journaliste pour la Presse Associée, correspondant
au Proche-Orient, fut pris en otage par des extrémistes shiites;
il fut leur prisonnier du 16 mars 1985 jusqu'à sa libération,
le 4 décembre 1991. Pendant 2455 jours (il les
a comptés!), on l'a enfermé dans une cellule obscure.
À quelques reprises, on le transporta d'un endroit à
un autre. Alors on le plaçait dans une boîte de bois
qui ressemblait à un cercueil et on le traitait comme un
cadavre.
À sa libération, il
a raconté ses souffrances: des bastonnades, l'isolement,
des journées complètes les yeux bandés, enchaîné,
dans des vêtements sales, sans nourriture, sans contact avec
sa famille ou ses amis. Récemment, il a révélé
comment cette expérience avait transformé sa vie spirituelle.
Dans une interview récente,
il disait : « Je pense que c'est dans les moments les plus
difficiles à vivre que nous nous approchons davantage de
Dieu. C'est plus facile d'entendre Dieu nous parler quand nous sommes
dépouillés de tout orgueil et de toute arrogance,
quand nous n'avons plus rien à quoi nous accrocher, sauf
Dieu. Quelle souffrance, mais j'y ai rencontré Dieu.
Pardonner, ce n'est pas quelque chose
qu'on fait soudainement, tout d'un coup et qu'on oublie ensuite.
Oh! non, c'est quelque chose que j'ai à reprendre chaque
jour de ma vie.
Oui, je pardonne à ces gens. Je
ne les hais pas. Je prie pour eux de temps en temps. J'espère
que Dieu touchera leur coeur. En même temps, je dois avouer
que je n'en ferais pas mes amis. Ils m'ont fait beaucoup de mal
et ils croient en des choses que je ne puis accepter, et à
des choses que je rejette totalement.
Les gens sont surpris que je ne les haïsse
pas et que je ne désire pas me venger. Pourquoi le ferais-je?
Je n'ai pas le temps de m'occuper de cela » (Our Sunday Visitor,
13 septembre 1992).
LIEN : Plusieurs parmi nous sont des otages de la haine, de la
colère, de la rancune ou sont obsédés par leur
bien-être, leurs richesses ou leur place dans la société.
Jésus appelle non seulement Lazare mais chacun de nous :
« Viens dehors! Libère-toi! » Comme Jésus
a appelé Lazare à sortir, à se libérer
des liens de la mort, ainsi nous sommes appelés à
nous libérer de ces choses qui nous gardent trop occupés
pour aimer et être aimés. La période du carême
nous invite à une telle liberté : revêtir l'esprit
de la Résurrection pour que nous puissions apporter une nouvelle
vie et de la joie dans nos familles et nos communautés.
* * * *
Sébastien
Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit
en moi, même s'il meurt, vivra (Jean 11, 1-45).
Sébastien est au chevet de son frère jumeau. Il prie
: « Seigneur, fais quelque chose. Guéris-le ».
Puis après un moment, touché par le regard de Jocelyn
qui a peine à respirer, il reprend : « Seigneur, garde-le
dans ta vie qui ne finit jamais ».
LIEN : La foi chrétienne est l'adhésion au Dieu de
la Vie, au Dieu qui fait vivre, même au-delà de la
mort. La profession de foi du baptisé affirme que quiconque
vit et croit en Jésus ne mourra jamais définitivement
(v. 26). Le récit de Lazare rendu à la vie n'est pas
tant l'histoire d'un privilégié qui aurait eu la chance
de reprendre sa vie terrestre après une parenthèse
de mort mais plutôt l'histoire de toute personne qui met sa
foi dans Jésus le Christ, celui par lequel on peut accéder
auprès du Père (Jean 14, 6). (Notre vie à la
lumière des évangiles du dimanche, Année A,
5e dimanche de Carême).
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Bruce Springteen
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