Ce qui
est faible et méprisé
Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car
votre récompense sera grande dans les cieux! (Matthieu
5, 12)
Il m'est arrivé quelquefois de sentir très profondément
ce renversement de valeurs, cette sagesse divine, ce langage divin,
folie ou idiotie aux yeux des hommes. Je l'ai senti devant certaines
personnes blessées dans leur être.
Durant une retraite que j'ai donnée
l'année dernière, se trouvait Billy, un jeune Noir,
aveugle, le visage très difforme. Comme il était aveugle,
ses yeux ne brillaient pas; ils n'avaient pas l'éclat de
la vie. Billy parlait très peu et toujours très bas
... Billy qui n'est rien devant les hommes, qui n'a pas beaucoup
de raisonnement, s'est levé et a chanté seul : Je
suis la Résurrection et la Vie. On sentait que c'était
vrai, que c'était réellement lui qui était
la Résurrection et la Vie et on se sentait bien petit devant
lui ...
Quelques jours plus tard j'étais
à Toronto avec un groupe de personnes qui se préparaient
à partir pour le pèlerinage « Foi et Lumière
». Une dizaine de personnes « normales » et une
dizaine de personnes handicapées se trouvaient là.
C'est quelquefois drôle de voir des « normaux »
et des « anormaux » ensemble! Les « normaux »
sont bloqués et éprouvent beaucoup de difficultés
à s'exprimer, tandis que les personnes « anormales
» parlent sans peur, sans censure, et échangent sans
difficulté sur la vie de l'Esprit, sur Jésus ...
C'est un peu cela le mystère
de cette terre : tout est à l'envers ... les « normaux
» sont des anormaux et les « anormaux » sont des
normaux; les riches sont pauvres et les pauvres sont riches. C'est
ce mystère qui est exprimé dans les Béatitudes
car celles-ci annoncent tout ce que nous ne voudrions pas être
alors que les malédictions annoncent ce que toute une partie
de notre être désire (Jean Vanier, Ouvre mes bras,
Paris 1973, pp. 112-113).
LIEN: Tout est don de Dieu et il nous arrive de rencontrer Dieu
dans la joie, le bonheur et l'abondance. Mais que de fois aussi
le Seigneur n'entre-t-il pas dans nos vies par la porte de nos manques,
de nos faims, de nos soifs, de nos pauvretés, car alors il
y a une ouverture sur une réalité plus grande que
nous-mêmes?
Chronique
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Vous devriez offrir plus que l'argent
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